HISTOIRE MODERNE
autrefois des lacs, des marais pestilentiels, desseches,
assainis, transformes par la main patiente de l’homme.
On nomme polders ces terrains enleves aux eaux sta-
gnantes, parfois ä la mer elle-me&me. Comme ils sont
souvent & plusieurs metres au-dessous du niveau de la
mer, on.a dü Elever de puissantes digues pour les prote-
ger contre les fureurs de l’Ocean, qui ne les respecte pas
toujours. On compte nombre de retentissantes catas-
trophes, celle du 18 novembre 1421, par exemple, qui en
une seule nuit engloutit cent mille habitants, dans les
environs de Dordrecht. La population n’en est pas moins
d’une densite extreme dans ces parages constamment
menaces, Insouciant du danger, le placide Neerlandais
cultive avec une sorte d’amour les terres si peniblement
acquises et en tire d’abondantes ressources. Elles ne
pourraient suffire cependant, vu l’exiguite relative des
terrains cultivables, Ce qui lui manque, il le demande
au commerce et ä l’industrie.
Le traite de 1648 faisait plus que briser definitivement
tout lien politique entre l’Espagne et la Hollande : il as-
surait aux Provinces-Unies la possession des colonies
portugaises qu’elles avaient conquises en Afrique, sur
les cötes de l’Indoustan et en Oceanie. Ces colonies
etaient importantes, puisque aujourd’hui encore, bien
que diminu&ges, au profit de l’Angleterre, du Cap, de
l’ile de Ceylan et de la plupart des possessions de l’In-
doustan, elles ne comptent pas moins de vingt-huit mil-
lions d’habitants, chiffre enorme pour une puissance
qui n’en compte pas cinq. Exploitees par la Compagnie
des Indes ortentales, fondee en 1602, et tres prospere ä
une €poque oü les Compagnies francaises et anglaises
vegetaient miserablement, les colonies firent affluer
d’immenses richesses dans la metropole. Mais ces bene-
fices coloniaux, quelque enormes qu’ils fussent, ne suf-
firent pas longtemps ä l’ambition des armateurs. Proteges
par une marine de guerre incomparable, les Hollandais,
ces rouliers des mers, devinrent les courtiers de l’Eu-
rope , et leurs navires transporterent pour la commodite
des autres et le benefice de leurs maitres les bois de la
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