198 ment A Versailles et declaraıt que la politique de Dupleix amenerait inevitablement une nouvelle guerre entre l’Angleterre et la France. Louis XV et ses ministres voulaient. la paix et ne comprenaient pas la grandeur de Ventreprise, dedaigneuse- ment qualifige] par Voltaire : « guerre de marchands. » On incli nait & sacrifier Dupleix. L’&chec de Tritchinapaly, une demand« de renforts acheverent de determiner son rappel (aoüt 1754). Cet hömme qui avait ete maitre d’un empire plus grand que la France, bientöt engage dans un interminable proces contre 1: Compagnie, impuissant a se faire rembourser les sommes con: siderables quelle Iui devait, mourut dix ans plus tard dans une gene volsine de la misere (novembre 1764). LE XVII SIECLE. TRAITE DE GODEHEU La Compagnie remplaca Dupleix par un homme au- dessous du möediocre et qui ne savait rien de. la situation dans I]’Inde, Godeheu. A peine arrive, il negocia avec le gouverneur anglais, et conclut avec lui la convention de Madras, plus connue sous le nom du fratte de Godeheu. En vertu de ce traite, les deux Compagnies s’enga- geaient ä renoncer simultanement ä& tous leurs protectorats et droits de suzerainete sur les princes indigenes. Rien nm’etait plus 6quitable en apparence : au vrai, le traite 6tait la pire duperie pour la Compagnie francaise. Celle-ci, d’un trait de plume, renoncait ä l’Inde peninsulaire. La Compagnie anglaise, aban- donnant tout, ne perdait rien, parce qu'elle ne posscdait rien, hors ses comptoirs {26 decembre 1754). « J! faut convenir, Ecrivait cent ans plus tard en par- GUERRE lant de la France l’un des historiens de la conquete DE SEPT ANS ge l’Inde, l’Anglais Mill, que peu de nations ont LA PEES fait 4 ’amour de la paix des sacrifices d’une impor- DE L’INDE ; a vn Ta tance aussi considerable. » Le sacrifice, parce qu'il te- moignait seulement d’une läche faiblesse, n’empecha pas la guerre six mois plus tard. Les Anglais la commencerent sans la declarer, par un coup de brigandage. Le 10juin 1755, pres de Terre- Neuve, trois bätiments francais, portant des troupes au Canada, furent canonnes a lVimproviste et pris par l’escadre de l’amiral Boscawen. Quelques jours apres, plus de 300 navires mar- chands &taient saisis dans les ports anglais, ou enleves en pleine mer par les croisieres britanniques. Apres beaucoup d’hesitations le gouvernement francais envoya