LA REVOLUTION. Politignement, elle etait une monarchie absolue et centrdlisee. Tout pouvoir etait dans le roi, tout partait du roi, tout aboutis- sait au rolf. « Il n’ya plus de Clerge, iln’'y a plus de Noblesse, nide Tiers Etat en France, &crivait en 1783 le comte de Ver- zennes. Le monargque parle : tout est peuple et tout obeit. » En depit de l’omnipotence du roi et de la complete centralisation du pouvoir entre ses mains, Vorganisation administrative etait la plus confuse que Von püt imaginer, et la France nm’etait pas unifiee, La societe avait pour fondement l’indgalile : on distinguait frois classes dans la nation: le Clerge, la Noblesse, le Tiers Etat. De ces trois classes, les deux premieres etaient privilegiees; la troisieme, nom privilegiee, supportait & peu pres scule toute la charge de l’Etat. La France etait en somme, en 1789, telle que soixante-quinze ans plus töt, A la mort de Louis XIV. 332 LE ROI SA PUISSANCE La France etait gouvernee par un rot. La couronne Etait herdditaire de mäle en mäle, par ordre de primo- geniture. Les femmes, depuis le quatorzieme siecle et Ja fin des Capetiens directs, etaient, en vertu d’une coutume improprement appelee la /oi salique, exclues de la suc- cession au tröne 1, Le roi ne tenait sa couronne que de Dieu : 1a monarchie Gtait, disait-on, de droit divin. Par suite, l’autorite du roi ne pouvait Stre ni contrölee, ni limitee par persönne sur la terre. Le roi, selon la declaration faite par Louis XVI au Parlement de Paris (octobre 1787) « m’&tait comptable qu’A Dieu de l’exercice du pouvoir supreme », Aussi, les Etats-Generaux representants de la nation n’avaient-ils pas &t& convoques depuis la minorite de Louis XIII, soit depuis cent soixante-quinze ans (1614), et ’on n’admettait pas qu'ils pussent etre autre chose qu’une assemblee consultative. La monarchie etait donc absolue : la volonte du roi, et cette volonte seule, etait Ja loi; comme jadis les empereurs romains, il Stait la «1oi vivante». Selon le mot de Louis XIV « tout l’Etat etait en Iui, 1a volonte de tout le peuple &tait renfermee dans la sienne ». Louis XVI, disant au duc d’Orleans : « C'est legal, parce que je le veux »*%, resumait fidelement la doctrine de la monarchie francaise. Par suite, le roi depensait comme ille vou- ı. Voir Moyen Age, papc 204. 2. Voir ci-dessus, pave 327.