L’EMPIRE. Le total des forces francaises egalait ä peine l’effectif des deux flottes de 1a Manche et de la mer du Nord, et ces forces etaient eparpillees sur des milliers de kilometres, & Toulon, au Ferrol suı la cöti d’Espagne, ä Rochefort, a Brest, partout bloquees par les Anglais. L’es- cadre principale, 21 vaisseaux de ligne, etait a Brest ; il y avait & la fin de 1804, 4 Toulon, 10 vaisseaux de ligne. Ces forces furent accrues quelque peu lorsque, en janvier 1805, l’Angleterre eut declare la guerre aux Espagnols qui, allies de la France depuis 1706, laissaient les navires francais se ravitailler et se reparer dans leurs ports. L’inferiorite numerique de Varmee navale francaise n’en demeura pas moins enorme. En outre le materiell etait mediocre; les &quipages trop peu nombreux Etaient insuf- fisamment exerces et la plupart des officiers generaux, n’ayant confiance ni dans leurs bateaux ni dans leurs hommes, man- quaient d’audace. 608 LES FORCES FRANCAISES LES COMBINAISONS STRATEGIOUES Pour s’assurer. « vingt-quatre heures », disait Napo- leon, — en fait six jours eussent &t@ ne&cessaires — la maitrise de la Manche, l’Empereur imagina succes- sivement trois grandes combinaisons strategiques. Toutes &chouerent, dejouces tour ä& tour par les caprices de l’atmosphere, par IA mort soudaine ou par la faiblesse morale de ceux ä qui l’execution des. ordres imperiaux &tait confiee. Tout d’abord, l’escadre de Toulon sous Latouche- Treville, un brillant combattant de la guerre d’Independance americaine, dut debloquer et rallier les navires de Rochefort, faire une pointe sur l’Irlande et par cette manceuvre assurer le deblocus de 1l’es- cadre de Brest. L’une ou l’autre des deux escadres, si les deux ne pouvaient se reunir, balaierait alors la Manche. Latouche- Treville, energique et audacieux, etait capable de mener ä bien une telle entreprise. Il mourut ä la veille d’en commencer l’exe- cution (a0üt 1804). Le plan de Napoleon fut alors modifie. Une concentration generale des escadres franco-espagnoles serait operee aux Antilles, comme pour y entreprendre la conquete des riches colonies de P’Angleterre. On attirerait de la sorte en Amerique le gros des forces anglaises. L’armee navale francaise gagnant alors l’ennemi de vitesse reviendrait occuper la Manche. Le successeur de Latouche-Treville, Villeneure, rallia l’Espa- gnol Gravina & Cadix, et parvint aux Antilles ol Pavait precede