116 refusait d’accepter la Constitution preparee par le Senat, « octroyait » ä la place une Charte, datait ses « ordonnances » de la dix-neuvieme annde de son regne, comme s’il n’y avait eu ni la Republique, ni l’Empire, Bien mieux, dans le preambule de la Charte il qualifiait de « funestes &carts » Jes &6venements de la Revolution, qui avait fait les Francais egaux et libres, On pre- tendait n’admettre a l’Ecole militaire de Saint-Cyr que des jeunes gens nobles. Sous pretexte d’economies on mettait & la retraite, ou en disponibilite avec demi-solde, 22000. officiers, ainsi reduits 4 la gene, souvent A la misere. Par contre, on reintegrait dans l’armee les anciens officiers emigres, Les airs rogues, les uniformes de&modes de certains d’entre eux, baptises par le public « Jes voltigeurs de Louis XIV », firent rire d’abord. Mais au rire succeda la colere quand on vit compter, pour leur avancement, les campagnes que depuis 1792 ils avaient faites contre la France soit dans l’armee de Conde 1, soit dans les armees ütrangeres. En moins d’un an, d’avril 1814 & mars 1815, on nomma de la sorte pres de 600 generaux, 209 divisionnaires, et 564 brigadiers, qualifies selon la. hierarchie de l’ancien regime, « lieutenants generaux » et « marcchaux de camp ». Enfin, en maints endroits, les anciens emigres et le clerge tourmentaient les acheteurs de biens nationaux pour leur faire restituer ces biens, dont le Concordat et les constitutions imperiales avaient autrefois proclame la vente irrevocable. Il n’en fallut pas davantage pour que Napoleon retrouvät sa premiere popularite, pour que de nouveau la nation vit en ui, selon le mot d’un ambassadeur russe au temps du Consulat, « l’homme de la Revolution », et desirät ardemment son retour. « La Restauration nous avait froisses de tant de manieres, disait plus tard un medecin de Paris, que nous avions fini. par regar- der Napoleon comme le vengeur des soufflets qu’on nous donnait, comme le reparateur envove du ciel. » L’EMPIRE, i. Voir ci-dessus, pages 418 et 491.