HISTOIRE MODERNE 
rante-frois millions de reserve dormaient encaisses dans 
les caves de la Bastille. 
Ce qui fait la richesse d’un roi, c’est la richesse de son 
peuple : il est clair que ses revenus croissent ä propor- 
tion de la fortune publique. Henri travailla de toutes ses 
forces & augmenter la richesse de la nation par l’agricul- 
ture, l’industrie et le commerce. 
L’agriculture avait souffert beaucoup des guerres 
civiles. Sully montra pour elle une sympathie decidee : 
« Labourage et päturage, disait-il, sont les deux ma- 
melles de la France. » La taille, qui pesait uniquement sur 
les cultivateurs, fut diminuee; on renouvela la defense 
au fisc-.de saisir la charrue et le betail; la production fut 
encouragee par une diminution des entraves ä& la circu- 
lation des grains. Toute pillerie des gens de guerre fut 
severement reprimee, La situation du paysan s’ameliora 
promptement, et l’on put esperer de voir se realiser le 
voeeu si connu de Henri IV « que chaque paysan püt le 
dimanche mettre la poule au pot ». 
Protecteur declare de l’agriculture, Sully fut hostile & 
industrie, qu’il accusait de developper le luxe, d’affai- 
blir les caracteres et d’enlever des bras aux champs. 
Henri IV ne jugea point comme son ministre; il crut, et 
il avait raison, que l’argent depense par les Francais pour 
acquerir les produits de industrie etrangere etait autant 
d’argent perdu pour la France, Il commenca par relever 
les industries communes, telles que la fabrication de 
draps et de toiles ordinaires. Puis il encouragea la fabri- 
cation d’etoffes de luxe, draps fins et soieries. Depuis 
Louis XI, le mürier prosperait dans le midi. Henri l’im- 
planta dans le nord; il ne crut point que les Tuileries 
alles-memes et les jardins royaux fussent enlaidis par la 
presence de cet arbre utile. Paris eut des manufactures 
d’etoffes de soie, de draps d’or et d’argent. Vinrent enfin 
les manufactures de verre, de cristal, de tapis fla- 
mands, de toiles fines hollandaises, et de cuirs dores. 
Pour empächer ces industries naissantes d’&tre ecrasees 
par la concurrence etrangere, le roi frappa de droits 6lev6s 
les produits etrangers ä leur entree dans le royaume. 
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