CHAPITRE 1,
son coup d’Klat de juillel 1850. Il recueillit tout de suile le
benefice de sa reserve et se trouva le candidal des depulös
liberaux, qui avaient häle de retahlir le tröne qu'ils venaient
de renverser. Avec ses mänicres rondes et simples, son peu
de goüut pour le faste, son costume ordinaire qui ne le dis-
tinguait en rien des bourgeois, Louis-Philippe semblait bien
l’homme de la societe sortie de la Revolution de 1789, ef le
prince capable d’en alfermir les prineipes democraliques.
Cette familiarite, parfois excessive, que les crayons sali-
viques ne manquerent pas de ridiculiser, cette bonhomie
sourianle, cachaient une grande finesse et un goüt tres vif
pour le pouvoir. Ce roi garde-nalional, affectant les allures
des hommes de la classe moyenne, quil favorisait et qui le
soutenaient, souffrail, au fond, des enlraves que Iui availt
imposces la Charte. IL avait l’äme d’un Bourbon. De lä, entre
ses ministres qui cherchaient & le tenir en tutelle, et Iui qui
ne cherchait qu'a les conduire, une hulte sourde et conslante.
De 1a aussi, entre le peuple dont il sermblait vouloir se rap-
procher par ses manicres, et le souverain qui, au fond, ne
s’en souciait que meödiocrement, une defiance sans cesse
grandissante jusqu'au jour 00 la rupture 6clala, non sans
ötonner un prince d’une bonte trop peu ouverte, trop peu
eonnue el Lrop egaree par une mauvaise politique,
1. — LES HESITATIONS ET LES TROUBLES DE 1850 A 18592.
Politiques de mouvecment et de resistance; premier
ministere (11 aodt 1830). — Le nouveau roi ne sul d’abord
quelle politique adopter et quels conseillers suivre. Les obli-
gations quil avalt ä Dupont de l’Eure, au banquier Laffilte,
au maröchal Gerard el ä ceux qui avalent fe ses protecleurs
devant les masses populaires, ui firent un devoir de les
appeler d’abord au ministere et de donner au gouverne-
ment une impulsion liberale, qu'appuyait au dehors le
zöneral La Fayotte. Au fond, le roi Gtait plutöt d’accord
avee ses aulres ministres, le comte Mole, le haron Louis, le
general Schasliani, Casimir Perier, Dupin, Guizot et le due
X Byreylie, aut avalent häte d’arreter le mouvement demo-