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LE XVI1II* SIECLE.
LA GUERRE
SUR MER
Hors d’Amerique, la guerre se fit uniquement sur
mer. Il y eut alors comme une resurrection de la ma-
rine francaise. Toute puissante au temps de Colbert,
elle avait, pour ainsi dire, disparu pendant le dix-hui-
tieme siecle, sacrifiee d’abord a V’alliance anglaise, puis aux
guerres continentales. Entre 1777 et 1783, de nombreuses
escadres — on disposait en 1783 de 325 navires de tout ang —
rapidement construites, bien armees, commandees par des offi-
ciers d’&elite, se montrerent de nouveau capables de tenir victo-
rieusement tete a la flotte anglaise, la premiere du monde.
Dans un premier combat, au large de Brest, la fregate fran-
gaise la Belle-Poule mit en fuite la fregate anglaise l’Arethuse.
Ce succes souleva l’enthousiasme, comme le presage d’une re.
vanche des hontes de la guerre’de Sept ans (17 juin 1778).
Un mois plus tard, l’amiral d’Orvyilliers avec 32 navires &tait
vainqueur devant Ouessant (27 jufllet 1778). Dans la Mediterra-
nee, le duc de Crillon enleva Minorque et Port-Mahon (1782).
Dans l’Amerique Centrale, le marquis de Bouille, les amiraux
d’Estaing, Guichen reprirent la plupart des Antilles, perdues en
1763. Mais les succes les plus brillants furent remportes sur
les cötes de l’Inde, par le bailli de Suffren. Dans une campagne
de sept mois (fevrier-septembre 1782), il battit quatre fois les
escadres anglaises. Une premiere victoire devant Madras Iui
permit de reoecuper Pondichery dont les Anglais s’etaient em-
pares au debut de la guerre; cette -victoire fut suivie de la
signature d’une alliance avec Haider-Ali. Le succes le plus
complet de Suffren fut remporte devant Gondelour (20 juin 1783),
ä.la veille de la conelusion de la paix.
Bien qu’une de leurs flottes dans la mer des Antilles
PAIX eüt, avec l’amiral Rodney, gagne sur de Grasse une
DE VERSAILLES belle victoire aux Saintes (12 avril 1782), bien qu’ils
eussent reussi a debloquer Gibraltar assiege depuis
deux ans (janvier 1780 — octobre 1782) par les Espagnols et les
Francais, les Anglais, efrayes d’une dette accrue de cinqg mil-
Hards en sept ans, firent ä la fin de 1782 des propositions de
paix. On les entendit volontiers en France parce qu’on y &tait
a court d’argent et preoccupe des projets de Catherine 1I et de
Joseph II en Turquie. Des preliminaires de paix furent d’abord
signes par Franklin et les plenipotentiaires americains, en
depit de l’'engagement qu’ils avaient pris de ne rien conclure