LE MOUVEMENT INTELLECTUEL DE 4815 A 1848, 261
La presse. — Les journaux : les Debats, lc Constitu-
tionnel, le Globe, puis le National, sont forces, pour cun-
querir l’opinion et echapper aux severiles du pouvoir, de
relever leur polemique par le möerite litteraire. Armand
Carrel‘ se distinguait au premier rang des ecrivains liberaux
et perit tout jeune, vietime des ardeurs quc deployaient
alors les journalistes. 11 est impossihle de eiter Loute ’armee
de ceux qui porlerent alors fres haut la venommee de la
presse francaise.
La eritique. — La presse, ä celte Cpoque, faisait. une
large place aux ötudes Jitteraires et scientifiques. Elle offrait
um champ de hataille & tous les eritiques et heaucoup d’ar-
ticles devenaient des livres. Augustin Thierry avait com-
mence dans les journaux la publication de ses Etudes his-
Loriques. Les querelles des romantiques et des classiques se
poursuivaient. vives et acharneöes dans la presse. La critique
devinl un genre litteraire. Fillemain?* contribua le premier
A V’ölever par ses doctes et lumineuses lecons professees ä la
Sorbonne sur la litterature francaise. IL excellait da tracer
de larges tableaux 0U cireulait la vie; mais c’etait une eri-
tique oraloire, parfois Lrop generale. Les eritiques contem-
porains ont pu reprendre toutes les questions agitees par lul.
Desire Nisard* qui, au debut de sa carricre, avait lance un
spirituel manifeste contre la litferature facile, s’appliquait ä
remettre en hanneur les grands ecrivains du xvil“ siccle.
En un langage d’une perfection tout academique, concis,
penetrant, il resuma, en la commentant, 1’/istoire de la Lit-
terature frangaise, ou plutöt des trois grands siccles litle-
raircs qui ont precede le xIx°. Professeur, quoiquwil eüt ete
1. Armand Carrel (1800-1856). ancien officier, perit dans un ducl mal-
jeureux, & Saint-Mande, tuc par Emile de Girardin.
9, Villemain (1790-1870) professeur d’eloquence francaise ä la Sor-
bonne, deux fois -ministre de Yinstriction publique sous Louis-Phi-
lippe. Ses lecons ont Gle reunies dans le Tableau de la litterature au
moyen Age, le Tableauw de la * {grature au XVIH® sidcle, 1e Tablean
de V’Eloquence chretienne a;
® Neösire Nisard (177)