L’EGLISE SOUS LES MEROVINGIENS. 155 
le monde s’empressa de porter abondamment ä Austrapius ce 
qui Iui 6tait necessaire. » (GREGOIRE DE Tours, liv. IV, 18.) 
Malheureusement, tous ceuX qui se refugiaient dans Vasile ne se ren- 
jaient pas ioujours dignes de Ja protection du saint. Ils avaient, du reste, 
Top de facilites de se livrer ä leurs mauvais penchants. 
Violation d’un asile. — « La loi qui consacrait L’invio- 
labilit& des asiles religieux voulait que les refugies fussent plei- 
nement libres de se procurer toute espece de provisions, afın 
qu'’il füt impossible & ceux qui les poursuivaient de les prendre 
par la famine. Les pretres de la basilique de Saint-Martin se 
chargeaient eux-mömes de pourvoir des choses n6cessaires a la 
vie leurs hötes pauvres et sans domestiques, Le service des 
reiches 6tait fait tantöt par des hommes et par des femmes du 
dehors, dont la presence occasionnait souvent de l’embarras et 
du scandale. A toute heure, les cours du parvis et le peristyle 
de la basilique 6taient remplis d’une foule affair&e ou de prome- 
neurs oisifs ou curieux. A l’heure des repas, un bruit d’orgie, 
couvrant parfois le chant des offices, allait troubler les prötres 
dans leurs stalles et les religieux au fond de leurs cellules, 
Quelquefois aussi, les convives, pris de vin, se querellaient Jus- 
qu’a en venir aux coups, et des rixes sanglantes avaient lieu 
aux portes et meme dans ]’interieur de V’eglise. » (Aug, TEIERRY, 
Röcits merovingiens, 111.) 
« Accuse d’avoir tue le roi Chilperic, le cam6rier Eberulfs’etait 
r6fugi6 dans la basilique de Saint-Martin. Le roi Gontran jura 
devant tous les grands qu'il voulait non seulement deiruire 
Eb6rulf, mais encore sa pesterit6 jusqu'a la neuvieme genera- 
tion, afın de faire cesser, par leur mort, cette coutume perverse 
de tuer les rois. 
» Bien qu'il füt venu demander asile & saint Martin, le mal- 
heureux n’avait aucun respect pour la memoire du saint &veque. 
{1 commit souvent des meurtres, dans le portique meme qui est 
aux pieds du saint et se livrait continuellement & des orgies et ä 
de vains plaisirs. Un jour, 6tant d6jä ivre, voyant qu’un prötre 
tardait A Iui apporter du vin, il l’assaillit a coups de poing et le 
[cappa si violemment d’un debris de banc qu'il faillit en mou- 
rir, Par crainte du roi, Eb6rulf demeurait dans la sacristie meme 
de la basilique. Lorsque le prötre charge des clefs g’6tait retire 
aprös avoir ferme les autres portes, les filles et les serviteurs
	        
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