HISTOIRE DE LA FRANCE ET DE L’EUROPE 71
palais. Ils ne paraissent en public que les Jours de ceremonie;
presque toute leur existence se passe & la campagne, dans
une grande ferme, ol jls vivent modestement, entoures d’un
petit nombre de domestiques. En realit6, ils ne sont plus
rois que de nom. Les nobles sont deja les vrais souverains
sur leurs domaines ; et comme, en c€5 temps troubles, ou Von
ne connait que le droit du plus fort, celui qui n’a pas un pro-
tecteur risque de perdre sa terre, tous les hommes libres se
recommandent A quelque noble, cCest-A-dire se mettent sous
son patronage et le choisissent comme seigneur.
Les grandsproprietaires fonciers a l’epoque ca-
rolingienne. — Au vır" siecle, une famille de maires du
palais, qui avait de grands domaines dans la region des Ar-
dennes, et beaucoup d’hommes Jlibres sous son patronage,
depassa toutes les autres familles seigneuriales en puilssance;
C’est A cettefamille qu'appartenait Charles ou Karl Martel,
qui vainquit les Arabes ä Poitiers (732) ; cette famille porte
dans V’histoire le nom de famille carolingienne (famille de
Karl). En 752, son fils Pepin le Bref, A qui il ne manquait
que le titre pour &tre rol, prit ce titre avec V’assentiment de
tous les grands du pays.
Le fils de Pepin, Charles le Grand ou Charlemagne (768-
814), qui 6tait un Germain energique, reussit ä se faire obeir
des seigneurs de la Gaule entiere : chaque annte il les convo-
quait dans des assemblces appelces Champ-de-Mars: ils s’y
rendaient avecles guerriers de leurs domaines, et d’ordinaire
tous suivaient Charlemagne dans ses guerres de conquäte. I}
conquit le nord de l’Italie sur les Lombards, le nord del’Es-
pagne sur les Arabes, et la Germanie entrele Rhin et VElbe
sur les tribus germaniques restees paiennes dans leurs for@ts.
En l’an 800, il se fit couronner empergur romain par l’6veque
de Rome; il eut des ducs, des comtes, des inspecteurs
ambülants dans les provinces, qui eurent pour mission de
faire executer les lois, ou Capitulaires, quil faisait de concert
avec les principaux seigneurs.
Mais, malgre ses efforts, Charlemagne ne reconstitua pas
V’administration imperiale romaine ; Il ne fut lui-möme que le
