LA FRANCE SOUS LE REGNE DE LOUIS XV.
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L’exemple donne de si haut ne mandua pas d’&tre
LES ROUES gyivi et la Regence fut, & la cour, marquee par une
reaction violente contre les meeurs de la periode pre-
cedente. Pendant les trente-cinq dernieres annees du ‚regne de
Louis XIV, gräce ä M”° de Maintenon, la vie a Versailles avait
Ste serieuse et digne; le roi avait €t& devot, et les courtisans, A
l’exemple du maitre, — « un devot, disait la Bruy@re, est celui
qui sous un roi athee serait athee », — s’6taient, en apparence
au moins, jetes dans la devotion. Sous la Regence on eut, au
lieu des Devots, les fanfarons d’incredulite et de vice, ceux que,
par allusion aux individus bons ä tout et dignes du dermnier
supplice, le duc d’Orleans, leur modele, appelait familierement
les Rouegs.
LES
GRANDS FAITS
JE LA REGENCE
Cette reaction dans les meurs fut le premier des
faits essentiels de Il’histoire interieure de la France
sous la Regence. Partie.de la cour, la reaction de-
vait se prolonger dans tout le dix-huitieme siccle,
le plus foncierement irreligieux des si&cles modernes, et s’etendre
ä toute la societe dite « 6clairee ».
Deux autres ordres de faits marquerent encore la periode de
la Regence : d’abord un mouvement de reaction aristocratique
contre.le systeme de gouvernement institu@ par Louis XIV,
lessai d’un autre mode de gouvernement et J’application du
systeme de la polysynodie (1715-1718); — d’autre part, de graves
embarras financiers, une tentative d’y porter remede par une
audacieuse nouveaute, et l’application du systeme de Law (1716-
1720).
LA
POLYSYNODIE
Louis XIV, on l’a vu*, avait systematiquement ecarte
les nobles des grandes fonctions du gouvernement,
Il n’avait gouverne et administre qu’'avec des bour-
geois, cinq bourgeois : le contröleur general des
inances et les quatre secretaires d’Etat. Simples commis aux
yeux du roi, ils avaient ete par contre, en face des sujets, parce
quw’ils exprimaient la volonte royale, les personnages les plus
puissants de [l’Etat, «les cinq rois de France », disait le duc
de Saint-Simon qui les haissait. On sait aussi comment dans la
seconde partie du regne, les exces du despotisme, le mauvais
succes de la politique royale au dehors, avaient 6veille l’esprit
de critique et fait naitre chez beaucoup, particulierement dans la
ı. Voir Histoire Moderne, page 5-6.