Full text: XVIIIe siècle, Révolution, Empire (1)

122 LE XVII!“ SIECLE. 
luf 6taient dictees par « la raison », mot que Joseph avait sans 
cesse ä la bouche. 
Ce fut Vl’originalite de Joseph II et ce qui le distingua profon- 
dement de sa mere, qu'il voulut agir en vertu d’idees a priori 
et de principes abstraits. Imbu des doctrines des &crivains fran- 
zais’du dix-huitieme siecle, ceux qu’en appelle les Philosophes, 
il voulait que la philosophie füt «la legislatrice de son empire ». 
Il pratiqua une politique de principes. Comme devaient faire 
dix ans plus tard au debut de la Revolution les Constituants 
en France, il entreprit de reorganiser logiquement V’Etat, de 
reconstruire la monarchie autrichienne en quelques mois, ä& 
coups de decrets, d’apres un plan th&orique et rationnel, sans 
tenir compte des realites, de ce qui existait dejä, des traditions, 
des habitudes seculaires, des sentiments des peuples, sans 
soupconner qu'il etait tres different, selon le mot de Catherine 
a Diderot, « de travailler sur le papier qui supporte tout, ou 
sur la peau humaine », L’entreprise d’ailleurs si elle reussis- 
sait, devait avoir pour resultat de renforcer l’autorite du souve- 
rain, d’accroitre ses ressources, dönc ses moyens d’action au 
dehors, et la philosophie devait conduire & des resultats tres 
pratiques. Ce realiste ä principes tenta une triple reforme, 
sociale, politique, religieuse. 
N debuta par la reforme sociale. Le regime feodal 
REFORMES subsistait en Autriche comme en Prusse, les paysans 
SOCIALES y 6taient encore serfs, soumis A la corvee au moins 
trois jours par semaine, justiciables du seigneur, 
dont V’autorisation leur etait necessaire pour se marier. Un 
diceton alors courant donne beaucoup A penser sur leur sort : 
ı Rustica gens, optima flens, pessima ridens ». « Parfait s’il 
pleure, le paysan; detestable s’il rit ! » Un mois et demi 
apres son avenement, « au nom de la raison et de l’humanite », 
Joseph abolissait le servage, « contraire A la dignite et &ä la 
‘iberte humaine » (15 janvier 1781). En meme temps il don- 
nait aux paysans la propriete des terres sur lesquelles ils 
vivaient depuis des siecles. Les paysans affranchis durent 
payer une rente aux anciens proprietaires du sol, Joseph pro- 
2lama ensuite l’egalite de tous les sujets devant Ja loi et de- 
yant l’impöt. « Cela, disait Frederic II qui n’avait pas 0se tenter 
pareille reforme financiere, arrangeait sa philosophie et son 
tresor ».
	        
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