Full text: XVIIIe siècle, Révolution, Empire (1)

LA FRANCE SOUS LE REGNE DE LOUIS XV. 
petaudiere. On tracassait, on disputait, personne ne s’enten- 
dait et il n’en resultait que desordre et anarchie ». L’experience 
fut’cependant prolongee trois ans, et la fin du siecle devait la 
voir reprendre pendant la Revolution sous 1a forme des Com{{es. 
Le 24 Septembre 1718, les Conseils furent supprimes et Von 
retablit les « cinq rois », le Contröleur general et les quatre 
seeretaires d’Etat. 
LA SITUATION 
FINANCIERE 
Des six Conseils institues par le Regent, aucun n’eut 
une täche aussi difficile que le Conseil de Finance, 
C'est que la situation financiere, heritee du regne pre- 
cedent, et resultant de ses trente annces de gmerre, 
ätait lamentable, l’une des pires que la France ait connues. Le 
duc d’Orleans la depeignait en ces termes au Parlement, au mois 
de decembre 1715 : «11 n’v a pas le moindre fonds ni dans notre 
Tresor ni dans nos recettes pour satisfaire aux depenses les 
plus urgentes, et nous avons trouve le domaine de notre cOuU- 
ronne aliene, les revenus de l’Etat presque aneantis, les imposi- 
tions ordinaires consommees par avance, une multitude de billets 
Je tant de natures differentes et qui montent ä des sommes si 
zonsiderables qua peine en peut-on faire la supputation. » 
Le tableau n’etait en rien exagere. Au jour de la mort de 
Louis XIV, les caisses rovales renfermaient 800 000 livres soit 
un peu plus de trois millions. La dette montait ä pres de 
3000000000 de livres, environ 12000000000 de francs, dette 
proportionnellement septuple de la dette actuelle de la France* 
Il y avait lä-dessus 2000000000 environ de dette consolidee, 
’est-A-dire dont le remboursement ne pouvait etre demande par 
les ereanciers, & qui l’Etat devait en revanche payer annuclle- 
ment 86000000 d’interets. Mais pres de 800000000 etaient 
immediatement exigibles, dus par l’Etat soit pour des fourni- 
tures faites au cours des guerres, soit pour des prets conscentis 
A court terme, soit pour le remboursement des «billets de mon- 
naie » dont, on l’a vu®, on avait tente l’essai pendant la guerre 
ı. La dette actuelle depasse 30 milliards. A ne considerer que le rapport 
antre le chiffre de la dette et le chiffre du numeraire en circulation — toutes les 
valeurs etant rendues 6gales — la charge etait double de ce qu'elle est aujour- 
'’hui : ı2 milliards de dette, pour 2 millizrds de numeraire en-1715; 30 milliards 
ie dette pour 10 millizr.is de numeraire, aujourd'hui. Mais la charge est 
septuple si Yon considere ensemble de la fortune francaise, evaluee aujour- 
A’hui & 290 milliards et qui certainement n’'atteignait pas 40 milliards en 1713, 
»”_ Jlistoire Moderne, Daye 673.
	        
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