LA POLITIQUE ORIENTALE... 233
d’ecorce de bouleau, ils etaient, au dire de l’historien anglais
Coxe qui parcourut la Pologne en 1778, « les plus pauvres, les
plus opprimö6s, les plus miserables qu'il y cüt au monde ». u
y avait longtemps d’ailleurs que leur misere etait devenue pro-
verbiale : en 1675 un intendant du Berry dans un rapport ä
Louis XIV, voulant peindre la pauvrete des habitants de sa
generalite, les declarait « plus malheureux que les esclaves en
Turquie ou les pavsans en Pologne »,
La noblesse, « l’ordre equestre », etait proprietaire
LES NOBLES du sol. Elle representait seule 1a population libre,
1500000 personnes au plus. Bien que tOUS les
nobles fussent egaux, en principe, on distinguait en fait parmi
eux trois categories de personnes : les grands nobles, ou Ma
gnats, puis les hommes de la moyenne €t de la petite noblesse.
Les ‘Magnats se trouvaient surtout en Lithuanie. Cette
grande noblesse comptait environ 300 familles parmi lesquelles
trois ou quatre, les Csarloryski, les Radziwill, descendant
des Jagellons, les Poftocki, les Lubomirski, possedaient des
provinces entieres. Leurs chefs etaient de veritables souverains.
ayant capitale, gouvernement, fonctionnaires, armee. Les Czar-
toryski etaient proprietaires de onze chäteaux et de quinze
villes; les Lubomirski de vingt-deuX; Varmee .des Radziwill
montait ä 10000 hommes.
La noblesse moyenne m’allait pas a 30 000 familles, possedant
chacune un village ou deux. Quant & la petite noblesse c’etait au
vrai une plebe nobiligire, environ 1300000 gentilshommes,
fiers de leur droit exclusif de porter des vetements bleus et de
chausser l’eperon : mais leur fortune se reduisait a un sabre,
un ‚cheval et quelque parcelle de terre, qu’il leur fallait cul-
tiver eux-memes, V’eperon portant souvent Sur un talon nu. On
disait de ces nobles-Ja que quand leur chien s’asseyalt au centre
du domaine, la queue trainait sur le champ du voisin. Cette
noblesse famelique etait generalement & vendre, prete ä servir
qui, la payant, Iui donnait a vivre.
LE CLERGE
Le clerge ne formait pas un ordre. Les ev&ques
etaient pris parmi les membres des grandes familles.
Au-dessous d’eux, le clerge des paroisses formait,
comme la petite noblesse au-dessous des Magnats, une sorte
de plebe ecclesiastique pour qui Jes conditions d’existence