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ce seraient 700.000 personnes qui viendraient faire concur-
rence aux travailleurs occupes ! C'est du coup que l’on verrait
du chömage!
Le Soc. — Comme cela prouve en faveur du mode actuel de
production, n’est-ce pas ? Elle est jolie la societe oü la sup-
pression de 700.000 parasites, qui consomment hbeaucoup sans
rien produire, en attendant qu’ils detruisent, serail une
cause d’extension du chömage et de la misere! Ca ne vous
semble pas monstrueux A vous?
Le Paysan. — Dame! le fait est que la soci6te est dröle-
ment bätie, d’apres ce que vous me montrez-lä.
Le Soc. — Et le commerce, en voilä encore un rouage gros-
sier et coüteux, tel qu'il fonctionne dans notre societ6 ! Comme
gaspillage de forces, il n’a pas son pareil; il depasse Vagri-
gulture et l'’industrie; A lui le record !
Quelle nu&e d’intermediaires pour transmettre la marchan-
dise du producteur au consommateur! Que de zig-zags fait le
moindre produit pour aller de Yusine ol on le fabrique au
petit &picier.qui le vend.
Vous n’etes pas sans avoir remarque, dans la moindre de
nos petites villes, la multitude de petits detaillants: bouchers,
Epiciers, merciers, boulangers sont sur le dos les uns des
autres. La od un epiecier sultirait pour servir la clientele de
toute une rue, de tout un quartier, vous en avez de suite une
demi-douzaine, et ainsi pour les autres commerces!
Et ce n’est pas seulement un €norme gaspillage d’hommes,
de temps, d’eiforts; quel gaspillage de materiel, de locaux, de
{(rais generaux, de reclame !
Le Paysan. — Tout cela fait vivre du monde!
Le Soc. — Eh! oui! employez 100.000 hommes valides a
creuser une tranchee, puis A la combler, puis ä la creuser de
nouveau, et ainsi de suite, d’un bout de l’anne6e A l’autre, s’ils
sont payes, on pourra dire que cela les fait vivre. Mais ne
serait-ce pas idiot? Eh bien! quand dans une sociele trois ou
quatre millions d’hommes sont employes ä une fonction lä
oü 300 ou 400.000 sultiraient, c’est quelque chose d’analogue,
t’est d’une idiotie presque aussi revoltante.
Le Paysan. — Je ne dis pas non.
Le Soc. — Jallais oublier les dizaines de milliers de ren-
tiers que notre societe entrelient grassement sans travailler,
parce que leurs peres ont travaille ou ont su faire travailler
autrui. ;
En voil&a encore des bras et des cerveaux inoccupes!
En voila des fIrelons !
Le Paysan. — Ils en font vivre d’autres !
aLe Soc. — Vous voulezz dire que ce sont les autres, les tra-
vailleurs, qui les font vivre, qui les entretiennent eux, leurs
maitresses, leurs laquais, leurs bonnes & tout faire, leurs che-
yaux et leurs chiens.