18 HISTOIRE DE LA FRANCE ET DE L’EUROPE
maines, plus etendus que ceux des rois de France. En 1203,
l’un d’eux, Jean sans Terre, assassina un de ses neveux. Le
roi de France d’alors €tait un prince ambitieux, Philippe-
Auguste (1180-1223). Il trouva la une occasion de depouil-
ler une maison seigneuriale dont la puissance linquietait.
En qualite de suzerain, il cita Jean sans Terre, son vassal,
ä comparaitre devant sa cour de justice. Le vassal refusa.
Philippe-Auguste prononca aussitöt la confiscation de ses
domaines francais jet, avec la complicite d’une partie des
sujets de Jean sans Terre, il s’empara de 1a Normandie et
du comte d’Anjou avec ses annexes : le Maine, la Tou-
raine. L’Aquitaine seule ne put &tre enlevee au roi d’An-
gleterre.
A la m&me €poque, le comte du Languedoc ayant refuse
de frapper des heretiques, les Albigeois, qui etaient nom-
breux sur ses terres, les 6veques lancerent sur ui la
noblesse du Nord. Philippe-Auguste y gagna une partie du
Languedoc ; le reste de la province fut laisse a son comte;
mais la fille unique de celui-ci ayant dü epouser un petit-
fils du roi, tout le Languedoc passa par heritage a la famille
capetienne, A la fin du xme siecle.
L’extension du domaine royal obligea Philippe-Auguste
A etablir dans les provinces nouvelles des baillis ou sene-
chaux, et, au-dessous d’eux, des prevöts pour le representer
pres de ses nouveaux sujets, les juger et percevoir leurs
redevances. Au lieu de choisir des grands proprietaires du
pays pour remplir ces fonctions, et de recommencer Ja
faute qui avait perdu les rois merovingiens et carolingiens,
il nomma des gens €trangers au pays, pris. dans la petite
noblesse, qui n’etaient rien par eux-memes, et qui etajent
faciles a revoquer : aussi furent-ils partout des fonction-
naires dociles.
A la mort de Philippe-Auguste, le roi de France etait de
beaucoup le plus grand seigneur du pays : les seigneurs du
domaine royal n’allaient guere plus pouvoir resister a un
suzerain si puissant.
Son petit-fils Louis IX (1226-1270) €tait un homme juste
et d’une piete qui la fait placer par l’Eglise au rang des