HISTOIRE MODERNE, — GRANDE -BRETAGNE., 201
dans leurs düserts: les officiers se sauvajent avec
plus de peine ; les uns etaient trahis et livres, les
autres se rendaient eux-memes, dans l’esperance
du pardon. Le prince Edouard, Sullivan, Sheridan,
et quelques-uns de ses adherents, se retirerent d’a-
bord dans les ruines du fort Auguste, d’oüu l’on dut
bientöt sortir. A mesure qu'il s’eloignait, il voyait
diminuer le nombre de ses amis: la division se
mettait parmi eux, et ils se reprochaient P’un &
Vautre leurs malheurs; ils s’aigrissaient dans leurs
contestations sur les partis qu'il fallait prendre :
plusieurs se retirerent ; il ne lui resta que Sheridan
et Sullivan, qui l’avaient suivi quand il partit de
France.
ll marcha avec eux cinq jours et cinq nuils, sans
presque prendre un moment de repos, et manquant
souven{i de nourriture. Ses ennemis le suivaijent A la
piste ; tous les environs 6taient remplis de soldats
quile cherchaient, et le prix mis A sa tete redou-
blait leur diligence. Les horreurs du sort qu'il &prou-
vait Etaient en tout semblables& celles ol fut reduit
son grand-oncle, Charles II (a), apres la bataille
de Worcester, aussi funeste que celle de Culloden,
N n’y a pas d’exemple sur la terre d’une suite de
calamites aussi singulieres et aussi horribles que
celles qui avaient afflige& toute sa maison; il &tait
ne dans l’exil, et il n’en etait sorti que pour trainer,
aprös des victoires, ses partisans sur l’Echafaud,
et pour errer dans des montagnes: son pere, chasse
au berceau du palais des rois et de sa palrie, dont
il avait ele reconnu l’heritier legitime, avait fait
cemme lui des tentatives qui n’avaient abouti
(x) Voir le cahier precedent, pages 275 et suivantes.