196 CAHIERS D’UNE ELEVE DE SAINT-DEN1Se
gouvernement. Ce fut alors qu'il redoubla plus que
jamais d’application aux choses du gouvernement,
et A s’instruire de tout ce qui pouvait l’en rendre
le plus capable, Il bannit tout amusement de
sciences, pour partager son cabinet entre la priere
qu’il abregea et V’instruction qu'il multiplia, et le
dehors entre son assiduite aupres du roi, ses Soins
pour madame de Maintenon, la bienseance et son
goüt pour son €pouse, el l’attention a tenir une
cour, et a s’y rendre accessible et aimable, Plus
le roi l’6leva, plus il affecta de se tenir soumis en
sa main; plus il lui montra de consideration et de
confiance, plus il sut y repondre par le sentiment,
la sagesse, les connaissances, surtout par une m9-
deration eloignee de tout dösir et de toute com-
plaisance en Soi-m&me, beaucoup moins (a) de la
plus l6gere presomption. Son secret et celui des
autres fut toujours impenetrable chez Iui.
Sa confiance en son confesseur n’allait pas jus-
qu’aux affaires, On nesait si celle qu'il aurait prise
en M. de Cambrai (6) aurait 6t& plus 6tendue; on
n’en peut juger que par celle quil avait en M. de
Chevreuse, et plus en M. de Beauvilliers qu'en qui
que ce füt, On peut dire de ces deux beaux-freres
qu'ils n’6taient qu'un ceeur et qu'une äme, et que
M. de Cambrai en etait la vie et le mouvement ;
leur abandon pour lui 6tait sans bornes, leur com-
merce secret Etait continuel, Il etait Sans CESSE
consult sur grandes et sur petites choses publiques,
politiques, domestiques: leur conscience de plus
Stait entre ses mains, le prince ne Vignorail pas;
a; Il fallait dire : heaucoup plus.
[b) Fenelon, archeveque de Cambral.