L’EUROPE MONARCHIQUE ET LA CONVENTION 21
plit l’histoire entiere. La France fut deux fois envahie,
d’abord sous la Legislative, en 1792, puis sous la Con-
vention, apres la proclamation de la Republique, en 1793:
mais deux fois elle repoussa l’envahisseur, et, prenant &
son tour l’offensive, elle realisa, au detriment des souve-
rains allemands, la parole du representant Isnard :
« Nous porterons chez eux, non le fer et la flamme, mais
la liberte. » :
Pröparatifs des coalises. — Les rois coalises pen-
saient au debut qu’ils auraient bon marche de l’armöe
francaise, desorganisee par l’emigration d'un tres grand
nombre d’officiers, et formee en partie de volontaires
encore inexperimentes, Deux arm&es ennemies se con-
centrerent sur les frontieres de France: Vune, autri-
chienne, dans les Pays-Bas belges ; l’autre, prussienne et
allemande, a Mayence.
Les preparatifs, 4 Mayence surtout, furent conduits
avec une legerete et une presomption incroyables. La
plupart des soldats n’etaient habitues qu'a la parade;
les canons sortaient de la fonderie, et le general mayen-
cais Gymnich trouvait inutile de les faire essayer par ses
artilleurs, declarant qu’on n’aurait pas besoin de s’en
servir : « Rien qu’a les voir, disait-il, les Francais se
sauveraient ä tous les diables. » Chaque soir, le general
en chef reunissait a sa table les officiers allemands, les
Emigr6s, les grandes dames, et, lä, on decidait serieuse-
ment que tous les « Jacobins » seraient pendus ; comme
assurement on n’aurait pas de cordes en quantite sufß-
sante, les marquises offraient gracieusement leurs beaux
cheveux. Un offlicier montrait aux dames un grand sac
qu'il promettait de leur rapporter plein de tetes de
« Jacobins »; la comtesse de Gymnich ne reclamait
qu'un doigt du maire de Paris, Petion.
L’arme6e des Emigres, — L’armee allemande devait
Etre precedee, dans l’invasion de 1: France, par l’armee
des emigr6s, reunie sousle commandement du prince de
Conde. Ces nobles, qui avaient quitie la France, non pas