LA POLITIQUE NAPOLEONLENNE 49
ne Iui donnaient aucune force reelle, car ils etaient
;ndilferents A leurs nouveaux sujets, qui ne les connals-
saient pas et ne les soutenaient nullement. Quant aux
monarques d’ancienne souche, humilies et amoindris
par lui, et qwil ne cherchait pas & interesser a sa cause,
ils‘signaient avec lui tous les traites qu’il voulalt, parce
quil etait le plus fort; mais, au fond, ils le detestaient,
et il etait evident qu'ils se tourneraient tous contre lui,
le jour od ilsle eroiraient devenu le plus faible.
D’autre part, Napoleon blessa et möecontenta les
peuples de deux facons, moralement et materiellement :
il froissait leurs sentiments nationaux et leur dignite,
les partageant et les repartageant comme des troupeauX,
les donnant et les reprenant & ses allies ou Aa ses vas-
saux; — et, d’autre part, il les condamnait a de penibles
privations materielles par les exigences du blocus con-
tinental, qui les empechait de recevoir les marchandises
anglaises et les produits coloniaux dont ils avaient
l’habitude.
Du moment que Napoleon eut tout le monde contre
ui, il fut fatalement condamne a succomber. Seulement,
il fallut du temps pour que toutes les nations com-
prissent quelle etait sa politique. Pendant les premieres
annges de l’Empire, de 1804 ä 4809, les rois voulurent
le combattre uniquement avec les ressources de Vl’ancien
regime, et ils furent constamment vaincus.
Mais alors, instruits par V’experience, ils essayerent de
provoquer parmi Jeurs sujets des resistances nationales;
et, en donnant satisfaction a leurs sentiments les plus
respectables, que Napoleon offensait comme Aa plaisir,
ils les tournerent contre 1ui et contre la France. Dans
cette seconde periode, qui g’etend jusqu'en 1812, les
souverains se rapprocherent de Jeurs peuples, et la
guerre d’independance se prepara partout.
Alors, en 41813 et en 1814, toutes les haines partout
accumulees firent explosion, et V’Empire s’ecroula.