LA RESTAURATION ET L’EUROPE,
237
L’annee 1815 n’avait pas inaugure en Europe une &@re
de paix universelle: & la lutte des nations contre la
France avait succede la lutte des peuples contre les rois.
Partout les souverains, oublieux des promesses faites &
leurs sujets pendant la bataille, preiendaient profiter
de leur victoire sur Napoleon pour retablir leur despo-
tisme, pour repdre toute leur vigueur aux vieilles doc-
trines monarchiques et feodales; mais les peuples se
rebellaient contre cette pretention et se rattachaient
avec obstination aux principes de 1789. De 1ä resultait
Ja mauvaise humeur generale des monarques contre la
France, coupable d’avoir propage la contagion & travers
les peuples, et representant en quelque sorte le mauvais
gönie democratique.
Cette entente contre la France etait universelle parmi
les grands Etats. L’Angleterre seule, qui jouissait des
bienfaits du gouvernement parlementaire, aurait pu par
principe montrer quelque sympathie ä& la France. Mais
V’Angleterre, dans sa politique exterieure, ne se soucie
jamais des principes, elle ne se preoccupe que de ses
interets; or, pour prevenir un rele&vement maritime et
colonial de la France, qu’elle redoutait toujours, l’interet
de l’Angleterre 6tait de maintenir sa rivale au ban des
nations. Voilk pourquoi le cabinet britannique, sans
adherer formellement & la Sainte-Alliance, la soutint
cependant moralement et S’associa & sa politique.
Le congres d’Aiz-la-Chapelle, — Le congres d’Aix-la-
Chapelle, dans l’automne de 1818, fut la premiere mani-
festation de Ventente etablie entre les signataires de
la Sainte-Alliance. Le gouvernement de Louis XVII
demandait alors l’&vacuation anticipee du territoire
francais par les garnisons etrangeres. L’Angleterre, la
Prusse el l’Autriche affectaient de craindre que le depart
de leurs soldats ne füt le signal d’une insurrection jaco-
bine et ne se montraient guere disposes a acceder & la
demande de la France; les ultra-royalistes francais leur
envoyerent meme une note secrete pour les effrayer sur
les progres de l’esprit liberal en France. Mais, gräce &
m . .
EG