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LECTURES HISTORIQUES.
CHAPITRE IX
LA FEODALITE
19° RESUME HISTORIQUE
Comment perit lautorit6 royale. — Les derniers Carolingiens
n’6taient rois que de nom. Personne ne voulait leur obeir, pas meme
jeurs principaux agents qui portaient les titres de ducs et de comtes. Un
fonctionnaire qui, aujourd’hul, refuserait d’obeir a son chef, serait aussitöt
revoque. Les Carolingiens ne pouvaient Tevoquer personne. Profitant de
leur faiblesse et de leurs embarras, les ducs et les comtes avaient rendu
leurs fonctions hereditaires et les transmettaient a leurs enfants, sans qu'au-
cune autorite superieure püt s'y opposer. Les officiers qui leur talent su-
bordonnes avaient fait comme eux, sı bien que, du plus petit au plus grand,
Yinsubordination A l’autorite royale 6tait complete.
La recommandation. — Les plus maiheureux, dans ces temps de
violence et d’anarchie, avaient &t6 les faibles qui s’etaient vu depouiller
de ce qu'ils possedaient sans avoir pu en appeler, comme au temps de
Charlemagne, aux missi dominici et au souverain. Cenx qui avalent
Echappe ä la rapacile des puissants da jonr, avaient dü aliener leur inde-
pendance. Pour vivre, pour conserver leurs biens, ils s’6taient adresses ä
des hommes capables de leur preter l’appui de leur bras ou de leur in-
fluence : mais, en revanche, ils avaient dü s’engager ä leur obeir en toute
occasion. La royaute elle-me&me avait ei6 obligee d’adherer ä cet tat de
chos es. Impuissante & proteger qui que ce füt, eile avait engage tout homme
Jibre & se choisir un seigneur, c’est-A-dire un protecleur (edit de Mersen,
8471). Demander la protection d’un homme puissant &iait ce qu'on appelait
alors se recommander & (ut, On le proclamait son seigneur OU SON SUZE-
rain; on se declarait son homme (d’olü le mot hommage) ou son vassal ;
on reconnaissait ne tenir son bien que de Iui : on s’engageait ä le servir de
sa personne, de sa bourse et de son €pee. Le bien ou domaine qu'on disait
tenir de Iui s’appelait fief (du germain feod, d’ol est venu le mot /Eoda-
lite). Les possesseurs de Kefs s’appelaient des feudataires.
La hi6örarchie föodale. — Il se forma ainsi une societe toute mili-
taire. En premiere ligne etaient les grands feudataires ou seigneurs tilres :
jes ducs, les marquis, les comtes, les vicomtes; en seconde ligne les grande
proprietaires appeles barons ou sires, portant la banniere carree et menant
A la guerre un certain nombre d’hommes d’armes; en troisieme ligne, les
vassaux de ces vassauX (vavassauxX), possesseurs d’un petit fief, simples
chevaliers (milites) servant ä la guerre sans autre sulle qu'un Ecuyer
(homme portant Fecı ou houclier) et souvent Ecuyers enx-mömes de quelque
seigneur plus puisasant. (RamsauD, Histoire de la civilisation.)