246 LECTURES HISTORIQUES.
» maudits & 1’Orient, abandonnes en Oceident, interdits au Sep-
» tentrion et retranch6s de la communion des fideles au Midi;
» qu'ils soient maudits de jour et excommunies de nuit; mau-
» dits dans leurs maisons et hors de leurs maisons; maudits
» debout et assis ; maudits lorsqu’ils mangent et boivent; mau-
» dits quand ils dorment, excommunies quand ils s’6veillent ;
ı maudits quand ils travaillent et quand ils se reposent, au
printemps, en &t6, en automne et en hiver; maudits dans le
present et excommunies dans les siecles futurs!
» Que leurs biens soient livres aux 6trangers, leurs femmes &
la perdition, leurs enfants au tranchant du glaive; que leur
» nourriture soit maudite, les restes de leurs repas maudits; et
» quiconque en goütera, maudit aussi; que le pretre qui leur
» offrirait le corps et le sang du Seigneur ou qui les visiterait
» dans leurs maladies, soit maudit et excommuni6; qu'il en soit
» de meme de ceux qui les porteraient a la sepulture ou ordon-
» neraient de les ensevelir; qu’ils soient.enfin excommuni6s et
» maudits par toutes les maledictions possibles! »
Penitence des barons coupables. — Ce n’etait pas
tout. Des legendes terribles, recueillies ou inventees par de
pieux 6crivains, racontaient la mort des pecheurs qui avaient
386 braver l’Eglise, et glacaient d’epouvante les hommes de
mauvais vouloir. Elles apprenaient que Wilderode, prelat mon-
dain et dissolu, avait 6i6, ä cause de sa rapacite, devore vivant
par des rats ; qu'un chevalier, qui avait usurpe les biens d’un
couvent, avait eu affaire aussi a ces singuliers champions de la
foi : ne pouvant s’en delivrer, meme a coups d’&p6e, il s’etait
enferme dans une caisse qu'il avait fait suspendre en l’air au
moyen d’une corde, afın de dormir en sürete ; mais le matin,
lorsqu’on avait ouvert la caisse, on n’'y avait plus trouve que les
os du saerilege ; les rats l’avaient mange tout entier pendant
'a nuit.
L’un des princes les plus turbulents et les plus farouches de
zes temps agites 6tait Foulaues Nerra (le Noir). comte
d’Anjou (987-1040).
« Un jour, dit une chronique angevine, il penetra, les armes
Ala main, dans le cloitre de Saint-Martin de Tours, violant
ainsi les privileges de ce saint lieu d’asile : personne ne Iui
r6sista ; mais les chanoines, deposant aussitöt les corps des saints
et les erucifix, les couvrirent d’epines; puis ils fermerent, de
jour comme de nuit, les portes de l’eglise, et en refuskrent
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