L’EMPIRE GREC.
Iui fit porter par un ambassadeur. Le khakan recut le tröne en
grondant et en faisant la moue. Apres l’avoir examine avec une
attention derisoire, il le declara horrible, indigne d’un prince tel]
que Ini, et le renvoya ignominieusement & l’empereur. Une
autre fois, il manifesta le desir de posseder un Elephant. Sur sa
demande, l’empereur lui fit envoyer le plus beau qu'il et dans
ses menageries; mais Balan, soit peur, soit mepris pour les plai-
sirs des Byzantins, fit reconduire aussitöt l’animal & Constan-
tinople.
En etendant ses conqu&tes vers le nord, Baian se heurta aux
Frances du roi Sigebert, qu'il battit et fit prisonnier., I] fut moins
heureux contre l’empereur Maurice, qui lui infligea einq grandes
defaites, 1ui tua quatre de ses fils et le forga de fuir au delä des
marais de la Theis. Le khakan ne survecut pas a la ruine
de sa puissance. Il mourut en 602, la meme annee que son
vainqueur.
Les Avares en Italie. — Les Avares porterent ailleurs
leur activite turbulente. En 610, ils destendirent en Italie sous
la conduite de leur nouveau khakan, battirent les Lombards
dans le Frioul et vinrent assieger Forum Julii. Inhabiles dans
V’art des sieges, ils eussent €t6 contraints ä la retraite, si
Rhomilde, veuve du due Gisulf, gagnee par les honnes gräces
du khakan, ne lui eüt ouvert les portes de la ville.
La ville fut pille de fand en comble, Quand il n’y eut plus
rien & emporter, le vainqueur fit ranger le butin dans les cha-
riots et reprit la route de la Pannonie. Il emmenait avec lui tous
les habitants qui n’avaient pas 6t6 tu6s, surtout des femmes et
des enfants. Rhomilde, decue de ses reves de grandeur, car
elle avait espere epouser le khakan, etait perdue au milieu des
esclaves. Comme cette multitude ralentissait sa marche, le
khakan prit conseil des chefs de V’arm6e qui deciderent qu'il
fallait sans reiard tuer les hommes qui restaient et parlager
par lots les femmes et les cnfants. Pendant cette deliberation,
dont les captifs ne devinaient que trop bien Vissue, les fils du
duc Gisulf trouverent moyen de se glisser aupres de chevaux
qui paissaient a la lisiere du camp et de s’&loigner & toute
bride, Le plus jeune, Grimoald, qui n’6tait encore qu'un enfant,
[ut repris par l’un des Avares qui s’etaient mis ä leur poursuite ;
mais, tirant la courte 6pee qui pendait & son cöt6, il l’abattit
de toutes ses forces sur le cräne du barbare, qui, 6tourdi, liche
les rönes et alla rouler dans la poussicre.
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