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HNISTOIRE MODERNE
L’epopee romanesque avait trouve son chef-d’veuvre
dans l’Arioste : l’epopee heroique trouva, sinon un chef-
d’ceeuvre, du moins une ceuvre fort importante dans la
Jerusalem delivree du Tasse. Torquato Tasso (1544-
1595), fils d’un poete qui avait ecrit dans un style
agröable, mais uniforme, un Amadis de Gaule en cent
chants, avalt moins de trente ans quand Juan d’Autriche
gagna sur les Turcs la glorieuse bataille de Lepante. Les
yeux se tournaient de nouveau vers la terre sainte; le
Tasse crut avoir trouve dans les croisades la chanson de
geste par excellence, et il chanta le tombeau du Christ
reconquis sur l’islamisme par le vaillant Godefroy de
Bouillon. La Jerusalem delivree offre les qualites d’une
imagination brillante, reunies & celles d’une profonde
sensibilite : les exploits des braves chevaliers y sont coupes
d’6pisodes d’une exquise fraicheur, Les vers ont une
beaut& musicale, et en depit de certaines antitheses
forcees, de quelques tournures precieuses, qui refroi-
dissent l’expression de la passion, il est permis d’y trouver
autre chose que le clinquant dont Boileau parle si dedai-
gneusement dans son Art poetique.
Les arts en Italie. — Les productions litteraires de
V'ltalie, au xvı® siecle, quelle que soit leur importance ,
pälissent ä cöte des productions artistiques de la meme
Epoque, se rattachant au style dit de la renaissance.
Nous avons dejä dit qu'il serait peu exact de parler de
renaissance & propos de Vlarchitecture italienne, qui
pendant tout le moyen äge S’inspira principalement du
style grec habilement combine avec le style romain, Mais
pour la sculpture et la peinture, c’est bien d’une veri-
table revolution qu'il S’agit. Non que la sculpture et
la peinture fussent ignorees; pour le dire, il faudrait
n’etre jamais entre dans une de nos merveilleuses cathe-
drales gothiques; mais l’artiste du moyen äge, tout en
produisant des ceuvres d’une incontestable beaute, s’6tait
irop docilement asservi au joug conventionnel de la tra-
dition byzantine, qui semble ignorer la science des pro-
portions, et prete ä ses personnages des attitudes fausses,
raides et sans gräce, La Renaissance voulut reproduire ,
