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dirent qu'il n’avait pas assez de forces pour defendre une telle
ville contre le roi. Thomas lui-meme n’osa pas annoncer cette
decision & ces bourgeois frenetiques, tant qu'il fut dans la ville;
il les engagea 3 sortir et & venir dans un champ, et il leur dit
que, quand ils seraient 1A, il leur ferait connaitre sa decision,
A un mille de la ville, il leur dit : « Laon est ä la 1eie du
» royaume‘!, jene suis pas en 6tat de defendre cette ville contre
» le roi; si vous le redoutez, suivez-moi dans ma terre, Vous
» trouverez en moi un defenseur. » Consternes par ces paroles,
mais troubles par le souvenir de leurs erimes, les bourgeois
suivirent Thomas. Thcudegaud, l’assassin de V’6v&que, qui,
portant ä son doigt l’annecau pastoral, se posait comme le chef
de la ville, n’osa revenir 4 Laon avec ses complices et alla dans
la seigneurie de Thomas.
» Le bruit se repandit bientöt parmi les serfs et les paysans
du voisinage que Laon etait presque deserte; aussitöt, ils enva-
hissent cette ville abandonnee et s’emparent des maisons que
l’on ne defend point. Le pere de Thomas de Marle, Enguerrand
de Coucy, et son gendre, Gui, y coururent aussi, et trouvant les
maisons vides d’habitants, mais non de richesses, pillerent
V’argent, les vetements ect les provisions. Les paysans de Mon-
taigu, de Pierrepont, de La Fere etaient arrives avant les gens
de Couey et avaient deji mis la ville au pillage, Des querelles
Sclaterent entre eux : tout ce que les petits avaicnt pris leur fut
enleve par les grands; ceux-ci enlevaient, des maisons des
bourgeois emigr6s, vivres, meubles, gonds et verrous, » (GUIBERT
dE NOGENT. Memoitres sur sa vie.)
Bientöt le courage revint aux parlisans de l’&veque, qui iraquerent les
dourgeois partout ol ils purent les atleindre. Thomas, excommunie et pour-
zuivi par une arm&e royale, livra les fugitifs de Laon, qui furent, pour la
plupart, altaches au gibet et laiss6s en pälure aux corbeaux, Le roi abolit 1a
:;ommune de Laon; mais seize ans n’etaient pas econles, que les idees de
iibert& reprenaient le dessus : en 1128, le successeur de Gaudry dut accorder
aux bourgeois une nouvelle charte de commune que le roi ratifin encore :
seulement au nom de commune, qui rappelait d’efrayanis souvenirsa, on
snhbelitua celul d’Znstitukion de Daiz.
.. Elle ne l’Etait plus depuis la chute des Carolingiens, mais on la considerail
aNncore comme une espece de capitale.