HISTOIRE MODERNE
voulait a aucun prix ceder aux villes les droits politiques
qui les auraient soustraites a son autorite, il n’hesita point
ä leur garantir des droits civils, qui leur valurent une
situation excellente.
Les privilöges accordes aux villes prevötales, appelees
aussi villes privilegiges, bonnes villes, sont contenus
dans la celebre charte octroyee par Louis VII a la petite
ville de Lorris, en Gätinais. Les corvees etaient rigou-
reusement determinees; les amendes de justice, les
douanes Etaient reduites et les peages diminu&s. Le
bourgeois devait &tre juge dans sa propre ville. Il ne
Ppouvait 6tre retenu en prison avant le jugement, s’il
offrait 4 donner caution. Enfin la milice bourgeoise ne
devait le service que dans les limites du territoire de la
cite.
Ces avantages, avec la securite garantie par l’armee
du rol, permettaient aux villes royales de ne pas desirer
la liberte orageuse , les luttes intestines, les competitions
glectorales des communes. Elles pouvaient se consoler de
n’avoir ni beffroi ni sceau, ni Echevins ni consuls, et
d’ötre obligees d’obeir au prevöt du roi.
Etats generaux. — Les rois avaient coutume de
consulter soit pour leurs propres affaires, soit pour les
affaires du royaume, les bourgeois des villes prevötales ,
ou du moins les principaux d’entre eux, les notables ,
comme on disait alors. Ainsi fit, a deux reprises, saint
Louis, d’abord quand il s’agit de rediger le celehre Livre
des möetiers, puis lorsque le roi voulut mettre des limites
au droit de battre monnaie des seigneurs, A l’occasion
de sa lutte contre le pape Boniface VIII, Philippe le Bel
sentit le besoin de s’appuyer sur la nation entiere pour
tenir tete a son redoutable ad versaire, et le 10.avril 1302,
dans une assemblee solennelle tenue ä Notre-Dame ä&
Paris, il fit sieger ä cöte des representants du clerge et
de la noblesse ceux de la bourgeoisie, que l’on commenca
ä appeler le tiers ordre ou le tiers etat. Les villes royales
et les communes, tant du Midi que du Nord, y 6taient
representees par leurs 6chevins, leurs maires, leurs
jures et leurs consuls. Ce furent nos premiers Etats