Full text: Histoire de la France et de l'Europe

HISTOIRE DE LA FRANCE ET DE LEUROPE 229 
Autre signe de progres ; insensiblement, les besoins des 
paysans se sont accrus ; si leur habitation a toujours l’air 
aussi miserable, si möme les plus aises ne mangent gußre 
de viande de boucherie qu’'aux grandes fötes, du moins 
usage des draps de lit se generalise dans les campagnes 
des le xvıe siccle, et le vetement commence a reveler des 
Progres manifestes : les paysans portent des chemises de 
tolle inusables, fabriqueges par le tisserand du Kieu ; leurs 
femmes, outre leurs robes, portent des jupons ; le. diman- 
che, elles mettent de petites coiffes de toile blanche ; l’usage 
des sabots se repand partout. 
Charges qui gre&vent Ie paysan. — Mais malgre quel- 
qU6s restrictions apportees par les tribunaux royaux aux 
©Xlgences seigneuriales en matiere de redevances, les droits 
feodaux subsisterent partout tels qu'ils etaient au moyen 
4ge : le cens, le champart, les corvees, les banalites, le droit 
de chasse, les droits de mutation (lods et ventes, etc.), et, & 
©öte d’eux, la dime. 
A toutes ces charges vinrent s’ajouter les impöts du roi, 
qui allerent croissant sans cesse : la taille, dont le paysan 
Porta presque exclusivement la charge, les douanes inte- 
"eures, Jes aides, la gabelle, dont il paya une lourde part. 
On a calcule qu’a la fin du xvın® siecle, sur 100 fr. de 
Tevenu net, rien que l’impöt direct, les droits f&odaux et la 
dime ecclesiastique enlevaient au paysan petit proprietaire 
81 fr. 71 et ne Iui Iaissaient que 18 fr. 29. 
Ily a quelque chose de pire, pour le peuple des campa- 
Snes, que le poids des impöts et leur repartition inique ; 
Cest leur mode de recouvrement. Ce n’etaient pas les 
Nohles; les prötres, les riches bourgeois qui avaient a souf- 
frir des exc6s de zele ou des tracasseries des employees des 
aAldes ou de la gabelle ; c’etaient les paysans sans defense, 
*VeC qui personne n’avait de menagement & garder. 
Le recouvrement de la taille etait une autre source de 
lracas et d’angoisses. 
a; C'est au village qwil faut &tre pour bien voir les choses.,. Le roi a 
it; IL me faut tant de millions : Pintendant de la pravince a &gerit :
	        
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