HISTOIRE MODERNE
pendant allait bien ä son esprit un peu frondeur. La
liberte d’allure est le charme prineipal des Leltres
qu'elle ecrivait ä sa fille, devenue marquise de Grignan,
et qui sont restees
le plus beau modele
du genre pisto-
laire. « Avec vous,
disait-elle ä sa fille,
je cause, je laisse
trotter ma plume la
bride sur le cou. »
Mais celle qui lais-
sait ainsi courir sa
plume 'etait une
femme d’infini-
ment de goüt, d’es-
prit et de coeur. Le
mot propre vient
de lui-meme; tout
est plein de gräce, de naturel, de distinetion, de viva-
cite; le ton varie ä l’infini et avec une aisance admirable ;
telle page qui s’ouvre par une historiette, contee avec
la gräce la plus piquante, se‘ ferme brusquement sur
des traits de pathetique et d’&loquence qui etreignent le
csceur et arrachent des larmes.
La Fontaine (1621-1695). Comme Mwe de Sevigne,
La Fontaine dut la celebrite a un genre considere avant
lui comme bien secondaire, ä la fable. Maitre des eaux
et forets encore tout jeune, La Fontaine negligea des les
premiers jours ses fonctions; a peine marie, ilabandonna
sa femme, et ne se rencontra qu’une fois dans sa vie,
encore par hasard, avec son fils. Cet insouciant, par une
sontradiction bizarre, fut plein de tendresse pour la
nature et pour les bötes, Il decrivit l’une avec amour, et
fit donner par les autres de piquantes lecons aux hommes.
[L fut le veritable createur de la fable, dont il fit un petit
drame plein de vie, de naturel et de variete, Par sa
gräce, son abandon, sa naivete, sa finesse malicieuse,
nar la verite de ses peintures, par Voriginalite de sen
{= de Sevimnd.