L’EMPIRE. — 111. LES DESASTRES. 289
Les Maries-Louises. — On les appelait les Maries-Louises, ces
Pauvres petits soldats soudainement arraches au foyer et jetes, quinze
jours apres Vincorporation, dans la fournaise des batailles. Ce nom de
Marie-Louise, ils Vont inscrit avec leur sang sur une grande page de
l’histoire. C’etaient des Maries-Louises, ces cuirassiers sachant & peine
56 lenir & cheval, qui, & Valjouan, enfongaient cinq escadrons et
sabraient avec tant de fureur qui'ils ne voulaient pas faire de quartier.
Ü’etaient des Maries-Louises, ces chasseurs dont le general Delort disait,
au moment d’aborder Vennemi : « Je crois qu’on perd la töte de me
faire charger avec de Ja cavalerie pareille! » et qui traversaient Monte-
"eau comme une trombe, culbutant les bataillons autrichiens masses
dans les rues, C’etait un Marie-Louise, ce tirailleur qui, indifferent & la
Musique des balles comme ä la vie des hommes frappes autour de Iui,
vestait fixe a sa place sous un feu meurtrier, sans riposter lui-möeme,
et repondait au marechal Marmont : « Je tirerais aussi bien qu'un autre,
Mais je ne sais pas charger mon fusil »... Ils etaient sans capote par
huit degres de froid, ils marchaient dans la neige avec de mauvais sou-
liers, ils manquaient parfois de pain, ils savaicnt & peine se servir de
lcurs armes, et ils combattaient chaque jour dans les actions les plus
iheuririeres | Et pendant toute la campagne, pas un cri ne sortit de leurs
rangs qui ne füt une acclamation pour l’Empereur. — Salut, ö Maries-
Louises!
(Hear HoOUssAYE, 7814.)
Jamais, peut-&ire, Napoleon ne deploya plus de genie
mililaire que dans la Campagne de France; mais il ne
Pouvait luller avec succes contre des forces bien des fois
superieures.
Son but est d’empöcher la jonelion des Prussiens et
des Autrichiens en faisant la navelle de la Marne ä la
Seine. Il bat Blücher a Brienne (29 Janvier); mais Blücher
a pu s’unir a Schwarzenberg : ils sont victorieux A la
Rothiere (1° fevrier) ; mais ils commeltent la faule de se
Separer pour marcher sur Paris. Napolcon court & Blücher,
le bat quatre fois en cinq jours (Champaubert, 10 fevrier,
Montmirail, 11, Chäteau-Thierry, 12, Vauchamps, 14).
Puis il bat Schwarzenberg a Guignes, Nangis, Monlereau
16, 17, 18 fövrier) et le rejette sur la haute Seine.
L’invasion &tait arretee, mais pour peu de temps.
De nouveau, Napoleon se retourne sur Blücher et le
jette sur l’Aisne, avec le dessein de l’&eraser & Soissons;
mais le general prussien est soulenu par l’armee du Nord,
et aprös les batailles de Craonne (7 mars), de Laon (9 mars:
et d’Areis-sur-Aube (20 mars), il se joint & Schwarzenberg.
Reunies, les trois armees marchent sur Paris; la bataille
de la Före-Champenoise ne peut leur en barrer la route.
Le 30 mars, les marechaux Marmont. et Mortier, charges
Histoire de France, 27