240 HISTOIRE DE LA FRANCE ET DE L’EUROPE
pose. Le roi signait & son: contrat : il devait faire.un cadeau. Sl
ctait & court d’argent, il inventait quelques charges de visiteurs de
perruques ou de mesureurs de hüches et les donnait ä la nouvelle
marice, qui les vendait pour son compte. ;
Le plus souvent, les artisans, plutöt que de subir les tracasser1c5
des inspecteurs de fantaisie crees par le roi, s’entendaient pour
acheter ces charges eux-mömes et les laisser vacantes. ,
IL ne faut pas croire que les corporations, apres avoir rachete
les charges une fois, en fussent quittes desormais : non. La royaute
ne se piqua jamais de probite ä l’egard des paysans ni des ouvrierS.
[L arrıvya a Louis XIV de faire payer cinq ou six fois ä une meme
sorporation l’abolition des mömes oflices. ”
Le roi vendait encore des lettres de maitrise. c'est ä dire qu il
vendait le droit de s’etablir maitre de tel metier, sans subir les
conditions imposees par le reglement du metier. Mais si les ancıeh5
mnaitres du metier voulaient bien lui donner un prix plus conside-
rable, il consentait & retirer le droit vendu,
Il leur vendait aussi, a loccasion, le droit de ne pas recevoir de
nouveaux. maitres pendant un certain temps, ou de ne recevolr
pour maitres que des fils de maitres, ce qui avait pour effet, on le
comprend, de rendre le mötier plus Jueratif, en le restreignant 4
un plus petit nombre de gens.
Paıyı LAcomMmpe : Petite histoire du peuple francais.
30 Les industries nouvelles. — Le regime corporatif, cret
au moyen äge pour permettre aux artisans et. commercants
d’une ville d’accaparer le marche local, &tait le produit na”
turel d’une epoque ol les routes etaient rares, mauvaises et
peu süres.
A partir du xvı® siecle, la securite fut plus grande : Jes
gouverneurs, et, au siecle suivant, les intendants, ä l’aide
des corvees des paysans, construisirent des routes nom”
breuses, bien entretenues ; le luxe grandit dans toutes les
hautes classes. L’or d’Amerique, qui d’Espagne se repandit
dans tous les pays ot on travaillait, vint faciliter les tran“
sactions commerciales. Ces conditions nouvelles firent faire
A V’industrie et au commerce de grands progres.
Auzx industries anciennes du pays, la toile, le drap, le fer,
le euir, vient s’ajouter, des le xvır siecle, Ja soierie dans 1a
vallee de la Loire, a Tours, et dans celle du Rhöne, ä Lyon:
Henri IV, parses encouragements aux ouvriers italiens qu il
attira en France, peut Eire considere comme un des crea-
teurs de cette industrie.