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Ajoutez tous ces gaspillages, tous ces parasites et demandez-
vous quelle somme enorme de produits de toute sorte, quel
bien-etre il y aurait pour tous, si par une organisation intel-
ligente de la production on arrivait & supprimer toutes ces
deperditions de Forces, on parvenait a occuper utilement ıo0us
les membres de la societe, et surtout si on voulait utiliser
intelligemment les forces incalculables que la science et le
machinisme ont mises depuis cinquante ans au service de
notre humanite.
Le Paysan, — Fattends tovjours que vous me montriez
COMmMcCNtL vous vous y prendrez.
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Les InconvEnients de la ProprietE individuelle
des instruments de travail et de la: libre Concurrence:
L’Ecrasement force des petits
Le Socialisle.— Patience ! Je n’cn ai pas fini avec les incon-
venients et]es maux de la libre concurrence et de la propriete
individuelle des instruments de travail.
Je vous ai fait toucher du doigt le stupide gaspillage de
forces, de travail humain, qu'elles entrainent Tatalement A
leur suite; il faut que je vous montre maintenant un autre
cöfe de notre belle organisation sociale: ’ecrasement des pe-
tils par les gros dans tous les metiers.
Le Paysan. — Dans tous les meliers, on arrive toujours
avec du travail, de Fordre, de leconomie, ilne Inanque pas
de petits qui arrivent a devenir des gros par leurs merites :
les exemples ne manquent point,
Le Soc. — Certes les exemples ne manquent pas, mais ils
restent des exceptions. Parlons en general. Eh bien ! je sou-
tiens qu'en general les gueux restent gueux de pere en fils et de
meme aussi, sauf de rares exceptions, les riches se succedent
autour de Vassiette au beurre, de generation en generation.
Et comment en serait-il autrement?
Voyez donc ce qui se passe dans vos campagnes. Est-ce
que le petit n’a pas tout contre lui? Je ne parle pas seulement
es miserables journaliers agricoles qui de plus en plus, laute
d’un travail regulier assure toute l’annee, 6migrent dans les
villes ; je parle des pelits proprietaires eux-me6mes.
Comparez-les aux moyens proprietaires seulement et voyez
S’ils peuvent Intler & armes Egales, .
L’un, qui a des capitaux, achete tout, ses engrais, son ma-
leriel, ses chevanx, dans les meilleures conditions possibles,
payant complant et profilant de toutes les bonnes occasions:
l’autre, qui n’a pas le sou, ou qui souvent n’a que des dettes,
travaille avec un mediocre altirail de culture et achete tout
olus cher.