Full text: Histoire et géographie contemporaines

L’EUROPE ET L’EMPIRE FRANCAIS EN 1810. 4927 
Angleterre. -— Napoleon, en r6alit6, ne irouvait 
qu'une ennemie implacable, l’Angleterre, mais. il ne 
Pouvait l’atteindre et, en contraignant tous les peuples 
ä la guerre commerciale qu’il lui faisait, il donnait tous 
les peuples comme alli6s a l’Angleterre. Quel que füt 
le genie d’un homme, il ne pouvait lutter contre celui 
d’une nation enti&re dont les chefs, observateurs pru- 
dents, ne laissaient pas 6chapper une faute de leur ad- 
versaire sans en profiter. Une porte s’ouvrait en Espa- 
gne, ils envoyaient une arm6e; en Suö&de, ils enlacaient 
Bernadotte de liens dores, et les nombreux ennemis que 
se faisait Napoleon par sa passion ambitieuse, par les 
6clats de sa colöre, ils les recueillaient, les payaient, 
se preparant ainsi, au prix d’une lourde dette, d’utiles 
instruments pour le jour du grand combat. 
Et cependant jamais les esperances de l’Angleterre 
n’avalent parı avoir moins de raison qu'en 1810. Quoi- 
que l’Espagne r6sistät toujours, les armöes francaises la 
dominaijent presque enti&re : l’expedition de Walcheren 
de 1809 avait honteusement 6choue, L’Empereur sem- 
blait avoir renonce A la guerre et de Juillet 1809 au mois 
de juin 1812 il resta trois ann6es sans combattre, Le 
roi d’Angleterre, Georges III, depuis longtemps aveugle 
et dont la faible intelligence menacait toujours de se 
perdre, tomba tout ä fait en d6&mence (octobre 1810); il 
fallut songer & un bill de rögence et investir du pouvoir 
le prince de Galles dont les d6sordres et les prodiga- 
lites ne faisaient pas bien augurer. Mais que faisait & 
VAngleterre le caractere de ses princes, lorsqu'elle avait 
dans les Chambres ä la töte des divers partis une foule 
d’hommes d’Etat, les Grenville, les Grey, les Castle- 
reagh, les Canning, les Perceval, etc.? Le parlement 
seul disposait des destinees du pays et, si de 1801 3.1812 
les Wighs, qui inclinaient aux mesures liberales et pa- 
cifiques, avaient par moment obtenu la superiorit&, les 
tories, les partisans des traditions aristocratiques, les 
ennemis les plus acharnes de la r6volution francaise et 
de ses consequences, allaient l’emporter definitivement
	        
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