DEVOIRS ENVERS LA SOCIETE ET LA PATRIE. 307
141; Histoire d’un jeune boulanger (suite).
Le lendemain, son ‚triomphe fini, le jeune homme
reprend son bäton, ses gros souliers, et sort de la ville
de Metz; le voici sur la grande route poudreuse ; suivons-
le des yeux, et voyons ol il va.
Il estsurle chemin de Nancy“, il a treize lieues A faire
ä pied; sous son pas joyeux, la route se raccourcit vite.
; Le voilä dans sa ville natale, il suit le dedale des petites
rues, il arrive a4 une boutique de boulanger; c’est 1A
que demeurent ses parents: quelle joie il va leur ap-
porter en leur annoncant la bonne nouvelle de son exa-
men et de sa receplion triomphale!
En cettehumble boutique, Antoine Drouotavait passe
jusqu'äa present sa vie. Entrons avec lui, transportons-
nous par la pens6e ä quelques annees avant ce jour.
C’est dans cette m6me maison que le petit Antoine vint
au monde, troisieme enfant du boulanger qui en a
douze, Des qu'il eut trois ans, le petit Drouot s’en allait,
regardant avec ‚envie les enfants qui sortaient des
Scoles. Un jour m6me, le maitre ayant entendu frapper
ä la porte de l’&cole, vint ouvrir, et apercut un petit
garcon qui n’6tait pas aussi haut que la serrure, et qui
demandait ä entrer, « Que veux-Iu donc faire & l’6cole,
mon ami? — Mais, monsieur, je veux faire comme les
autres, je veux apprendre. — Tu es irop jeune, mon
garcon : va jouer. » Et le mallre referma la porte, sans
Scouter davantage Venfant, qui se mit A pleurer de tout
son cur. Pourtant, quelques mois apres, on consentit
a recevoir Anloine. Quelles furent sa joie el son applica-
Lion, on le pense, Ne croyez pas pourtant qu'une fois &
’&cole, Antoine fut debarrasse de tout autre soin que de
zelui de ses livres. Loin de 1A: le pere avait besoin de
son aide dans le travail quotidien de la boulangerie;
c’6lait donc en portant le pain chez les clients + “n-
loine apprenait ses lecons; c’etait dans li) "le
1. Oü est situe Nancy*? Quelle en es. 1 puydias,
1uez le mot dedale.
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