Full text: Classe de seconde, sections A, B, C, D (2)

La füte de Vaux, 
Arrestiation ei pro- 
ces de Foucquet 
(1661-1664). 
444 HISTOIRE DE L’EUROPE ET DE LA FRANCE 
lui Etaient adressges ; il chercha des appuis pour se ’de- 
fendre contre une disgräce possible, et il voulut se menager 
dans la place de Belle-Isle un abri inexpugnable. C’etait 
au crime de concussions ajouter celui de rebellion, mais 
le temps n’etait plus olı un sujet pouvait esperer resister au 
roi de France, 
Cependant, dans l’espoir de gagner le prince, ou peut-&tre 
avec le desir secret de l’etonner et de l’intimider par l’eta- 
lage de richesses extraordinaires, il invita la cour & une föte 
magnifique en sa splendide demeure de Vaux (17 aoüt 1661). 
Le diner seul coüta 120.000 livres, et les decors fastueux 
reproduisaient partout son orgueilleuse devise : Quo non 
ascendam ? (Oüu ne monterai-je pas ?) Louis XIV, froisse de 
ces pretentions insolentes, irrite de voir gaspiller ainsi des 
richesses qui auraient dü entrer dans ses coffres vides, eut 
de la peine ä se contenir. « Ah ! Madame, avait-il dit plu- 
sieurs fois a sa mere, ne ferons-nous pas rendrte gorge äces 
gens-1ä ? — Non, repondait la reine, pas dans sa maison, 
pas dans une föte qu'il vous donne. » Il se rendit a cette 
raison et consentit & differer; mais la perte de l’orgueilleux 
et coupable ministre etait irrevocablement resolue. 
Quelques semaines apres, Foucquet etait arrö&te a Nantes 
(5sept.). Son proces dura trois ans. Ses dilapidations etaient 
Evidentes; il ne chercha pas & les nier, mais & les excuser 
par l’exemple presque universel. Les mesures de complot 
prises pour l’&ventualite d’une arrestation furent etablies 
par des papiers trouves dans ses differentes demeures, par- 
ticulierement & Saint-Mande. Il fut condamne (1) au ban- 
nissement perpetuel avec perte de ses biens (13 dec. 1664). 
Louis XIV ne jugea pas prudent de laisser libre & l’etranger 
(1) On avait forme, au mois de d&cembre 1661, une commission 
speciale, ou chambre de justice, pour juger Foucquet, et plus tard 
d’autres financiers ; elle camprenait Seguier et 24 conseillers au 
Parlement : d’Ormesson, Sainte-Helene, Pussort, etc., et etait 
phutöt favorabie & Foucquet. Elle fit trainer Je proces trois ans. 
A la fin, elle refusa la peine de mort par 13 voix contre 0. Voyez 
les Lettres de Madame de Sevigne pour les phases du process.
	        
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