L60- LA FRANCE SOUS NAPOLEON,
RECIT. — (1°) Le blocus continental. — Le trait}
de Tilsitt avait partage le continent europeen entre deux
maitres, Napoleon et Alexandre ; la mer restait a l’An-
gleterre. C’elait contre l’Angleterre, sa seule ennemie
desormais, que Napoleon allait tourner toute sa puils-
sance et tout son genie. Deja, la preoccupation de ce
duel « entre la terre et la mer » lui avait dicte les clauses
du traite de Tilsitt : s’il avait fait au tsar vaincu de si
graves concessions, c’etait par la necessite d’obtenir son
adhesion au blocus continental, terrible machine de
guerre qu'il organisait contre l’Anglelerre.
Quwetait-ce que ce blocus continental ?
Decrets de Berlin et de Milan. — Cetait au lendemain
Je la bataille de Trafalgar que Napoleon en avait eu la
premiere idee. Desesperant d’atteindre son ennemie,
ijusaisissable dans « son ile invincible », derriere le fosse
Je la Manche, il avait songe ä lui fermer le continent.
Cette idee prit corps apres la victoire d’Iena. Par deux
ecrets celebres, rendus l’un a Berlin (novembre 1806),
Vautre a Milan (1807), Napoleon imagina de retourner
contre les Anglais les maximes tyranniques que ceux-ci
appliquaient sur les mers.
Les Anglais s’arrogeailent le droit d’etablir devant les
vötes francaises des blocus fictifs, sans y maintenir de
{lottes en permanence ; ils visitaient en mer les vaisseaux
neutres, et confisquaient ceux dont le chargement 6tail
destine€ aux ports de France: ce qui etait contraire au
droit des gens. Napoleon, parle blocus continental, voulut
faire contre les Anglais sur le continent ce que ceux-ci
par leur blocus maritime faisaient sur mer contre les
Francais : il declara fictivement les iles Britanniques
elles-memes en tat de blocus. Toute communication
avec elles 6tait donc interdite ; tout Anglais trouve sur le
continent devait €tre prisonnier de guerre, ioulte mar-
chandise anglaise confisquege ; nul port du continent ne
pouvait recevoir un navire anglais.
C'est le blocus continental qui a partir de 1807 est
devenu le neud de tout le reögne de Napoleon, la cause