LE BLOCUS CONTINENTAL: 161 
premigre de tous ses actes ; ce sont les n&cessit6s de ce 
blocus qui, & travers tant de grandeurs et tant de vio- 
lences, l’ont entraine a une lamentable cataslrophe. Il 
importe donc de se rendre bien compte de ce quiil etait 
en realite, des consequences qu'il devait entrainer. 
Il etait fonde sur cette consideration que l’Angleterre, 
vivant uniquement de son industrie et de son commerce, 
avait forcement besoin de vendre aux autres nations les 
produits de ses colonies et de ses manufactures ; si le 
marche europeen lui 6tait ferm6, elle finirait par mourir, 
etouflee en quelque sorte sous le poids des marchandises 
qui encombreraient ses ports et ses entrepöts. Tel 6tait 
le calcul de Napoleon ; mais deux motifs devaient V’em- 
pöcher de reussir dans son entreprise : 
41° Pour que le blocus füt efficace, il fallait qu'il füt 
universel : qu'un seul port continental füt ouvert aux 
Anglais, ce serait une issue par laquelle ils pourraienl 
ecouler leurs produits sur toute l’Europe. L’empereur 
allait done 6tre amene a contraindre tous les Etats & 
adherer au blocus ; mais il fallait pour obtenir ce resultat 
qu'il füt absolument obei dans tous les Etats comme il 
l’etait en France. Or, ses forces, quelque grandes qu'elles 
fussent, ne devaient pas sulfire a imposer partout cette 
obeissance complete, 
2° D’autre part, le blocus imposerait aux peuples euro- 
peens eux-mömes des privations tres dures. Tous les 
produits coloniaux comme le sucre, les etoffes de coton, 
un grand nombre d’autres objets utiles a la vie, et que 
lAngleterre alors fournissait seule au reste du monde, 
allaient faire completement defaut. La vie materielle 
deviendrait pariout tres penible. Les nations etrang&res, 
que la querelle des Francais avec les Anglais n’interes- 
sait en aucune facon, seraient 6videmment exaspe- 
r6es contre la France, quand elles seraient contraintes ä 
subir pour elle tant d’ennuis. C’est ce qui arriva en 
effet. 
On a dit que le blocus continental etait « une formi- 
dable machine de guerre qui tuerait forcement l’Angle- 
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