L’EMPIRE GREC.
meme Vabandonnaient; l’empereur 1ui commanda de sortir par
la porte de Bronze. Il y court, passe avec autant de fatigue que
de danger & travers les ruines d’un. vieux bätiment que le feu
avait Cpargn6es, et arrive au cirque. Gagnant une galerie & la
droite du-tröne, il s’apprete & forcer Hypatius ; mais, considerant
que la porte 6tait fort Eiroite et gardee par des soldats du parti
oppos6, il craint de p6rir dans un passage aussi difficile, et de
laisser l’empereur expose A la fureur des factieux. Tout & Coup,
voyant le peuple entass6 pele-mele sur la place publique, il tire
son 6p6e, commande aux siens d’en faire autant, et charge &
V’improviste cette multitude en desordre, qui ne savait rien des
choscs de la guerre. Ce fut un horrible tumulte. Quand Mundus,
qui se tenait en reserve, jugea que Belisaire 6tait aux mains, il
sortit par la porte Libitine et fondit sur les seditieux qui se trou-
verent battus de deux cöt6s A la fois.
» Comme le peuple fuyait et qu'il y avait deja beaucoup de
sang de verse, Berode et Juste, neveux de Justinien, arracherent
Hypatius du tröne, sans que personne se mit en devoir de le
defendre, et ils le conduisirent avec Pompee devant V’empereur
qui le fit enfermer dans une &troite prison. Il y eut ce jour-JA
plus de 3000 personnes massacrees. Pompte fondait en pleurs
et tenait des discours dignes de pitie, dont Hypatius le repre-
nait fortement, en Iui remontrant que ceux que l’on fait mourir
sans qu'ils l’aient merit6& ne sont pas a plaindre : que pour eux
ils n’etaient pas coupables d’avoir seulement forme 1a moindre
pensce contraire au service de Justinien; que c’etait la fureur
du peuple qui leur avait defere l’empire et qui les avait train6s
au cirque. — Ils furent massacres le lendemain, et lecurs corps
jetes dans la mer, On confisqua leurs biens et celui des senateurs
du meme parti. Voilä quel fut le succes de la sedition ‚de Con-
stantinople. » (ProcorE *, Histoire de la guerre contre les Perses,
t. I, ch. xxıy, traduction du president Cousin, 1672.)
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1. Procope, historien grec, n& & Cesarce (Palestine) vers le commencement du
sixicme siecle, mort vers 565, fut le secretaire de Belisaire qu'il suivit dans presque
toules ses campagnes; il devint prefel de Constantinople en 562. 11 a laisse une
grande histoire des &venements de son temps (Guerres contre les Perses, deux livres 5
Guerres contre les Vandales, deux livres; Guerres contre les Goths, qualre livres.
Ha 6crit encore un ouvrage en six livres, des Kdifices (eoumeration des monumenta
Eleves sous Justinien), el un volume d’Anecdotes sur Justinien et sa cour, designe
aussi sous le nom d’Histoire secrete. Sans ce livre publie aprös sa mort, Procope
passerait pour, un hislorien exact et conseciencieux; malheureusement il demolit
dans ses Anecdotes V’edilce qu'il avait 6leve precedemment a la gloire de Justi-