LA FEODALITE. * 
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„Ceux qui etaient rest6&s en dehors de ceite societe guerriere n’elaient pas 
eput&s nobles et etaient classes dans la ca tegorie des serfs, vilains, manants 
st roturiers. On les tenait dans le plus grand mepris, car On croyail alors 
zw'il n’y avait qu'une seule 0ccupation honorable, la guerre. 
Le seigneur dans son fief. — Tout subordonne qu'il füt ä son su- 
zerain, le possesseur d’un fief &tait un veritable roi dans son domaine, 11 y 
oxercait ce qu’on a appele les drot£s regaliens : 1° droit de lever des troupes 
pour sa defense ou droit d’ost; 2° droit de lever des impöts sur ses tenan- 
siers ou sujets et de batlre monnaie; 3° droit de rendre la jnstice et de 
Taire ex6cuier ses sentences. Il &tait fer surtout de ce dernier droit : aussi, 
pour le bien faire constater, il avail soin de placer & V’entree de son do- 
maine les fourches palibulaires ON potences (signum potentiz), ou se balan- 
zait toujours quelque pendu. 
Le village feodal. — Le domaine seigneurial se composait generale- 
ment d’un ou plusieurs villages dont les habitants porlaient generalement 
le nom de vilatns. On divisait les vilains en fenanciers Libres, proprielaires 
d’un champ assujettis & des redevances annuelles; en serfs ou esclaves. 
Les serfs n’etaient pas proprietaires : ils n’6taient que fermiers. Ils n’avaient 
pas möme la propri6te de leur corps. Le sire powyait faire d’eux tout ce que 
hon ui semblait, et il m’etait tenu d’en r pondre qwä Dieu. Toutefois, 
on ne pouvait separer le serf de sa famille, ni le vendre au loin. Les serfs 
Rn GES sitcle 6iaient donc un peu mieux iraites que les esclaves de 
’antiquite. 
Co guerres priv6es. — Le seigneur residait dans son Chäleau, €N- 
lour& d’epaisses murailles et prot&ge par de profonds fosses, Les chäteaux 
Au onzieme siecle n’etaient certes nn des residences agröables. Aussi les 
seigneurs 8’y ennuyaient-ils fort. ls charmaient leurs loisirs en chassant 
Qurant la belle saison, en 6coutant les chansons des menestreis durant les 
soirees d’hiver; mais le plus souvent ils guerroyaieni les uns contre les autres. 
Das qwil croyait avolr recu une offense d’un de ses pairs, Je baron met- 
lait ses troupes en campagne, ravageait les terres de son ennemi, qui ne 
manquait pas, des qu'il se sentait en forces, de Iui rendre la ne La 
zuerre durait souvent plusienrs annees consecutives, et tout le poids en 
retombait sur les malheureux vilains qui ne in plus ni semer, ni 
v6colter. A la guerre succedaient la famine et la peste. A delaut de pain et 
de viande, on se nourrissait des animaux les plus immondes, puis on man- 
geait l’herbe des ruisseaux’ et l’&corce des arbres; on en vint meme ä se 
vepailre de chair humaine. 
La tröve de Dieu. — L’Eglise fit entendre raison 4 ces barons ba- 
lailleurs, Profilant de la peur que ceux-ci avaient du diable et de V’enfer, 
ale les menaca de V’excommunicalion et parvint A obtenir d’eux qu’ils obser- 
veraient la £reve de Diew + pendant l’Avent, le Careme, le mois de Mai, les 
Quatre-Temps, les jours de fete, chaque semaine du mercredi soir au lundi 
Matin, il &tait interdit de Se batlre sous peine d’etre frappe d’anatheme, 
L’Eglise ne croyait pas pouvoir exiger le des barons. 
„La chevalerie, — Un autre service quelle rendit ä 1a societe ful de 
liriger vers Je bien, dans Ja mesure du possible, 1a fougue de ces batailleurs. 
Dans ce but, elle fit de la chevalerie une instilution religieuse, C’etait une 
Soulume en Germanie que l’enfant, devenu homme, recüt ses armes de 1% 
Malin de son pere dans Vassemblee de sa tribu. Cette reception solennelle 
fr. perpetua en Gaule : le seigneur s’en empara, Suzerain, il prit le droit 
armer les. fils de ses vassaux, et il en usa au milieu de la plus grande 
pompe. La relirion ausmenta encore la solennite. Le jeune guerrier passait
	        
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