LA PAPAUTE ET L’EMPIRE, 341 
Se retirer, il annongait l’intention d’ex6cuter dans toute sa 
rigueur l’arröt sans appel qu'il venait de rendre, Thaddee pro- 
Nonca ces paroles : « C'est mainienant que les heretiques pour- 
» ront se r6jouir, que les Karismiens regneront sans obstacle 
» sur la terre sainte, et que les Tartares menaceront l’Europe. » 
— « J’ai rempli mon devoir, r6pliqua Innocent; que Dieu 
» accomplisse sa volont6! » 
» L’empereur, quelque prepar6 qu'il füt A cet &venement, 
Sclata en menaces et en injures contre le pape. « Cet homme, 
» dont la naissance est vulgaire, dit-il avec emportement, cet 
» homme pretend me preeipiter du iröne, moi, le premier par- 
» mi les princes! moi, qui ne connais point de superieur, ni 
» meme d’egal! croit-il dejä m’avoir ravi mes couronnes? » Et 
Se faisant apporter le coffre qui les renfermait, il en prit une, s’en 
teignit le front, en s’&criant, d’une voix 6touff&e par la colere : 
« La voici, je la possede encore, et, quoi qu'il fasse, je ne la 
» .perdrai pas! Ma position, loin de s’aggraver, s’ameliore; car 
» j’etais en quelque sorte dans la n&cessit& d’obeir & mon 
» ennemi; et, & partir de ce jour, je ne lui dois plus de mena- 
gements. » (CHERRIER, Histoire de la Iutte des papes, eic., 1. 11, 
‚ VI.) 
Mort de Frederie Il. 
La guerre se fit avec ferocite de part et d’autre; mais il semble que, 
depnis Ja sentence qui Pavait frappe, la fortune avait abandonne Frede- 
CO 11. Malheureux par les armes, il ne tarda pas & vole s’6lvuigner de ui 
568 meilleurs serviteurs. Entour& de irahisons, il en vint ä ne plus croire 
© l’amilie et au devouement de ses prineipaux ministres ; il devint soupcan- 
Koax et cruel. C’est vraisemblahlement vers celie 6poque qu'il faut placer 
a fin tragique de Pierre de La Vigne, le confident de ses pensges les 
Plus Secräfes, celwi qui pendant trente ans V’avait servi avec un zele qui 
NE S’6tait pas demenli. 
« L’empereur 6tait tomb6 malade, dit Matthieu Paris ;z un 
Mödecin Iui ordonna une potion dans laquelle Pierre de 
la Vigne, s6duit par les presents du pape, fit meler un poison 
Subtil. Frederic, averti secretement, ne laissa percer aucun 
S0UPeoN; et comme le m6decin et le ministre Iui pr6sentaient la 
°OUDe fatale : « Mes amis, dit-il en leur tendant la main, vous 
» ne voudriez pas me faire perir, et mon ceur se fie entiere- 
» ment & vous. » Pierre se recria. Alors le prince commanda
	        
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