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LA SOCIETE.
109. Pour que l'on continue 3 travailler beaucoup,
il faut done que le travailleur garde pour Iui le fruit
de son travail.
410. 11 y a des hommes, nes riches, qui font un
mauvais usage de leur fortune; mais ils n’en jouis-
sent pas longtemps, car ceux qui emploient mal leur
argent et qui cessent de travailler, finissent toujours
par se ruiner.
141. Au contraire, l’ouvrier le plus pauvre peut
arriver A l’aisance, quelquefois meme ä la for-
tune, s’il est laborieux et e&conome. ;
Une veillee chez Greqoire (suite).
Quand on eut ri de cette plaisanterie, Gregoire continua :
« Vois-tu, mon garcon, avec ton systeme on ne travaillerait
zu&re. Tu dis que c’est l’Etat qui donnerait la besogne ä tout le
monde, qui toucherait le prix du travail, et qui le repartirait en-
suite. Eh bien, on ne travaille avec. cceur que quand ou travaille
pour soi et pour les siens, quand on sait, le soir, qu'on a gagne
tant. Autrement les meilleurs se relächeraient, les ordinaires ne
’eraient pas grand’chose, les mauvais, et il yen a beaucoup, ne
feraient rien du tout.
— Mais j’ai dit, interrompit Adrien, au’on serait pay@ selon ses
mörites. »
— Et qui donc jugera de ce merite ? repliqua Gregoire. Des gens
payes pour cela. Il faudra que je passe des examens pour mes bot-
tines. Tout cela est bien inutile. Ce sont mes pratiques qui me
jugent, c’est le public, mon aımi. Les pratiques savent bien ol est
1a bonne marchandise ; elles y vont toutes seules. Ce que tu veuxX
faire faire par l’Etat, il ya beau jour que cela se fait tout seul. tout
naturellement. »
III. OPINION DE GREGOIRE SUR LA FACON DE S’ELEVER EN SOCIETE.
Adrien ne disait plus rien. Il etait revenu de Paris tout enor-
zueilli de ce qu'il avait appris. Il 6tait deconcerte* par les repliques
pleines de bon sens de Gregoire.
Apres un moment de silence, il dit pourtant: « C'est Egal, vous
ne vous interessez guere aux ouvriers.
— Moi! s’ecrie Gregoire. Mais est-ce que je ne suis pas un ouvrier?
109. Que doit garder le travail- ı
eur?
410. Que font certains riches et
que deviennent ceux qui emploient
mal leur argent ?
111. Que peut devenir un ouvrier
{aborieux et econome?