LA ROYAUTE FRANGAISE, 194 bis
ancetres. Des Louis VI, on rencontre des preuves de cet amour.
Le peuple est avec lui dans les combats contre les seigneurs
feodaux. Nobles et peuple sont avcc lui quand l’Allemand envahit
la France. Sous Philippe-Auguste, nobles et peuple se pressent
autour du roi A Bouvines. Quand Louis VIE part pour la croisade,
le peuple deplore V’absence de son roi, Lursque saint Louis
enfant veut entrer dans sa capitale, conduit par sa mere, et que
les nobles essayent de l’'en empücher, le peuple en foule accourt
au-devant du jeuue prince, et Iui fait si bonne escorte que les
nobles n’osent l’attaquer. Lorsque saint Louis est prisonnier cn
Exypte, le peuple des campagnes se souleve, et des bandes
se forment pour aller delivrer le roi. Les plus terribles mal-
heurs n’alterent pas cet amour; au milieu des desordres et des
dösastres du regne de Charles VI, le peuple aime son roi fou; il
croit que si le roi elait gueri, tous les maux du peuple seraient
gueris en meme temps. La mort de Louis XII fut un deuil public,
Dans ce temps-lä, on annoncait dans les rues la mort des grands
nersonNNages, et c’etaient des clocheteurs, e’est-ä-dire des porteurs
de cloches, qui en criaient la nouvelle, Lorsque ces clocheteurs
des trepasses allkrent par les rues, le 1“ janvier 1515, criant :
Notre bon roi Louis est mort, on leur repondit par des cris et par
Jes sanglots. Ainsi nos ancetres ont paye de reconnaissance les
bienfaits de la royaute, et si le peuple de France cessa un jour
d’aimer ses rois, ce fut la faute des rois.
15. Comment les rois devinrent abselus. — Malheureu-
zement les rois de France furent de bonne heure trop puissants. Si
le Clerge, la Noblesse ct le tiers etat s’etaient entendus pour resis-
ler au pouvoir des rois, la nation aurait eu des libertes ; mais ils
ne s’entendirent pas. Quand le roi eut ä combhattre les nobles, ileut
avec lui l’Egylise et le tiers eat, comme au temps de Louis VI.
Quand il eut & combattre /Eutise, it eur avec Iui des nobles et le
tiers etat, comme sous Philippe le Bel. Qand il eut & combattre le
Hiers Etat, revolte par les abus de Fautorite rovale, il eut avec ui
Ip Clerge et la Noblesse, comme sous Jean le Bon et Charles VI,
Les rois combattirent toujours trois contre un. (est pourquoi ils
levinrent des maitres absolus.
Vous vous souvenez de la fable du cheval qui avait ä se ven-
xer du cerf : il alla trouver l’homme et Iui demanda de laider.,
L’hnmme sauta sur le cheval et tua le cerf; mais ensuite il re-
fusa de laisser aller le cheval en liberte. Le cheval, s’etait donne
un Maitre, Chacun des ordres de la nation francaise fit comme le
cheval, quand il avait a se venger d’un autre ordre, et le roi de
France devint le maitre de tous.
16. Abus et dangers du despotisme royal. — Jusqu ä
Francois I°°, le roi est un maitre modere. 11 vit modestemen!;
l’honnetet6, l’ordre, le travail regnent dans son palais. Il &coute les
zonseils qu’on lu: donne : il cekde aux remontrances respectuauses