LECTURES ET EXERCICES DE MEMOIRE. .
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Regardez ces tyrans adores dans leur vie:
Plus ils 6taient puissants, plus Dieu les humilie.
U punit les forfaits que. leurs mains ont commis,
Ceux qu'ils n’ont point venges, et ceux qu'ils ont permis.
La mort lcur a ravi leurs grandeurs passageres,
Ce faste, ces plaisirs, ces flatteurs mercenaires -
De qui la complaisance, avec.dexterite,
A leurs yeux eblouis cachait la verile,
La verite terrible ici fait leurs supplices : .
Eile est devant leurs yeux; elle Eclaire leurs vices.
Voyez comme 3A sa voix tremblent ces conquerants,
Heros aux yeux du peuple, aux yeux de Dieu Lyrans
Fieaux du monde’ entier, que leur fureur embhrase,
La foudre qu'ils portaient ä leur tour les 6crase.
Auprös d’eux sont couches tous ces rois faineanis,
Sur un tröne avili fanLömes impuissants. »
Henri voit pras des rois leurs insolents ministres :
Il rematque surtout ces conseillers sinistres,
Qui, des meurs et des lois, avares corrupteurs,
De Th6mis et de Mars ont vendu les honneurs;
Qui mirent, les premiers, a d’indignes encheres
L’inestimable prix des vertus de.nos peres.
Eles-vous en ces lieux, faibles et tendres ceeurs,
Qui, Jivres aux plaisirs, et couches sur des fleurs,
Sans fiel et sans fierte couliez dans la paresse
Vos inutiles jours fil&s par-la mollesse?
Avec les scelerats seriez-vous confondus,
Vous, mortels bienfaisants, vous, amis des verlus,
Qui, par un seul moment de doute ou de faiblesse,
Avez söche le fruit de Lrente-ans de sagesse ?
Le genereux Henri ne put cacher ses pleurs.
« Ah! sil est vrai, dit-il, qu'en ce sejour d’horrcurs
La race des humains soit en foule engloutie,
Si les Jours passagers d’une si triste vie
D’un &lernel tourment sont suivis sans retour,
Ne vaudrait-il pas mieux ne voir jaınais le jour?
Heureux, g’ils expiraient dans le sein de leur möre!
Qu si ce Dieu, du moins, ce grand Dieu si seviTe,
A Thomme, helas ! trop libre, avait daigne ravir
Le pouvoir malheureux de Iui desobeir! »
« Ne crois point, dit Louis, que ces tristes victimes
Souffrent des chätiments‘ qui surpassent leurs crimes,
Ni que ce juste Dieu, createur des humains,
Se piaise A dechirer l’ouvrage de ses mains ;