VII. Philipps IV. Sieg über Bonifacius VIII.
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Le lundi 9 septembre, ce qui s'est passe mille fois dans
l'histoire des revolutions italiennes, arriva. H \J eut un revire-
ment subit. Les habitants d'Anagni, apres s'etrk donne le plaisir
de trahir Boniface, se donnerent le plaisir de trahir ceux qu'ils
avaient d'abord accueillis contre Boniface. A la voix du cardi-
nal dei Fieschi di Lavagna, ils sont pris d'un soudain repentir.
Des le matin, renforces par les habitants des villages voisins, ils
s'arment en masse aux cris de Vive le pape! Meurent les traitres!
Iis se portent en meine temps, au nombre de dix mille, vers le
chäteau pour reclamer le pontife. On parlementa quelque temps.
Les conjures soutenaient qu'ils etaient charges par leglise uni¬
verselle de garder Boniface. Les Anagniotes repondaient qu on
n'avait plus besoin d'eux pour cela: „Nous saurons bien tout
seuls, disaient-ils, proteger la personne du pape; cela nous re-
garde." La lutte s'engagea et fut assez vive. La bände de
Sciarra et de Rainaldo perdit beaucoup d'hommes; accablee par
le nombre, eile fut obligee de sortir du chäteau et de la ville.
Une partie du tresor papal fut reprise; la banniere des Iis, qm
avait ete arboree sur le palais pontifical, fut trainee dans la
boue Nogaret abandonna precipitamment la place. II etait
temps; au moment oü il francbissait la porte, des forces nouvel-
les arrivaient au pape et allaient rendre irrevocable la defaite du
parti francais. ,
13. ün des vices essentiels du complot de Negaret et
de Sciarra 6tait qu'en n'avait pas pu y engager les Romains. -liMra
Les gibelins de Borne, ä qui l'on en fit confidence au mois deHilfe geine
juillet et d'aoüt, ne crurent pas au succes ou craignirent la Befreiung,
preponderance qui en resulterait pour les Frangais. Quand on
apprit ä Borne l'attentat commis ä Anagni, l'emotion fut grande.
Les divisions de partis furent un moment oubliees; la haine contre
les Frangais se reveilla. On expedia au pape quatre cents ca-
valiers romains. Cette troupe arriva au moment oü Nogaret
sortait d'Anagni. Elle fit mine de l'attaquer; Nogaret alla se
refugier avec son ami Bainaldo derriere les murs de Ferentino,
qui n'est qu'ä une heure d'Anagni.
Des que les gens du parti frangais eurent pris la fuite, le
pape sortit du palais et vint sur la place publique. La, il se
laissa, dit-on,. aller ä un mouvement d'effusion populaire qui
n'etait guere dans sa nature. La foule s'approcha, il causa avec
eile, demanda ä manger, donna des benedictions et, ä ce que
l'on assura plus tard, des absolutions. Boniface etait delivre,
mais ä demi mort. L'orgueil etait si bien le fond de son äme,
que, cet orgueil une fois abattu, l'altier Gaetani n'avait plus de