LES BARBARES. 25
troupes d’Alamans, de Frances, de Saxons, d’Herules et de
Goths; on vit möme des Alains et des Huns, C’6tait une inno-
vation de peu d’importance en apparence. Les l6gions de la
r6publique n’etaient-elles pas secondees dans leurs expeditions
militaires par des auxiliaires Italiens et provinciaux?
L’empressement des barbares 6tait grand & se mettre A la
solde de l’empire. La Germanie offrait plus de soldats que Rome
n’en demandait. En 370, l’empereur Valentinien appela quelques
milliers de Burgundes; il s’en presenta quatre-vingt mille; on
jugea prudent de les renvoyer chez eux, Les solliciteurs, en
nombreuses bandes arm6es, se pressaient & la frontiere, tendant
les bras pour qu'on les admit sur l’autre rive. I] arrivait parfois
que, pousses par la faim plus que par la haine, ils voulaient
entrer de force au service de l’empire; plusieurs de leurs incur-
sions n’ont pas eu d’autre cause,
Les federes. — L’empire ne crut done pas qu’il y eüt de
danger ä employer ces auxiliaires. Il ne prit pas la precaution de
les disseminer au milieu des troupes nationales, et cela n’eüt pas
&t6 possible. Ils formaient de petits corps speciaux ; on les appe-
lait föderes ou letes. Le premier de ces deux mots rappelait
l’engagement qu'ils avaient contracte envers l’empire; le second
etait un terme de leur langue qui marquait leur sujetion et par
lequel ils voulaient dire qu'ils 6taient les hommes de V’empe-
reur.
Chaque troupe 6tait ordinairement composee d’hommes origi-
naires du meme pays. Elle ’obeissait A un chef de sa nation, et le
gouyernement imperial lui laissait le droit d’6lire elle-möme ce
°hef. Elle gardait sa langue, ses coutumes, et möeme, si elle vou-
lait, sa religion. Elle n’6tait astreinte qu’'4 lobligation de com-
battre pour l’empire, En guise de solde, on lui donnait des
terres de V’Etat. Elle s’y 6tablissait d’une manikre & peu prös
fixe; elle cultivait ses champs.ou les faisait cultiver par ses
esclaves ; elle y vivait avec ses femmes et ses enfants. Elle &tait
A la fois une garnison et une colonie.
Les lö6gions romaines, qui 6taient composees de provinciaux,
avalent toujours le pas sur ces troupes barbares : celles-ci
ne remplissaient, la plupart du temps, que l’office des anciennes
troupes auziliaires des arm6es romaines; les grands coups
ötaient ordinairement port6&s par les legions. Ces barbares
n’etaient pas appel6s proprement milites (ce titre Etait reserv6 aux
soldats indigenes‘, mais auxilia, numeri, gentiles. On leur repro-