L’EMPIRE RUSSE AU XVIT* SIECLE.
donnee de ses anciens complices, les streltsi, Sophie fut en-
fermee dans un monastere et Pierre prit le gouvernement
(septembre 1689). C’etait le temps ol dans l’Europe occidentale
Guillaume d’Orange venait d’operer la Revolution d’Angleterre,
et oüı Louis XIV commencait la guerre de la Ligue d’Augsbourg.
Ce fut au lendemain de son coup d’autorite que Pierre
EEE commenca vraiment a frequenter la ‚Sloboda et ä
LES ETRANGERS HOUEr d’Etroites relations avec certalns Etrangers,
surtout avec Gordon et. Lefort. Gordon, de vieille
noblesse ecossaise, jadis colonel de dragons en Autriche, 6tait
fixe depuis trente ans a Moscou. Considere par les Russes comme
un veritable homme de guerre, il avait &t& employe dejä a titre
de general par Sophie. Lefort, fils d’un droguiste de Geneve.
venu pour chercher fortune en Russie quinze ans auparavant,
avait pris comme Gordon du service dans l’armee. Richement
marie, il tenait presque table ouverte, donnant des fetes ä la colo-
nie, et ce fut dans sa maison, ol Pierre s’invitait plusieurs fois
par semaine, que le jeune tsar eut la premiere vision de la vie
de societ& en Europe, si profondement differente de la vie russe.
La Zigison de Pierre avec les Europeens de Moscou fut Veve-
nement essentiel de sa jeunesse, le fait .determinant de sa »ze. 1
apprit par eux un peu d’allemand et de hollandais, quelques
elements des sciences, l’arithmetique, la geometrie; ils Iui reve-
lerent un peu de la civilisation occidentale. Ce qu'il en put ‘voir
seduisit sa vive intelligence et fit naitre en lui, avec le desir de
la mieux connaitre, la volonte d’imposer cette civilisation ä son
empire semi-asiatique.
E DESBEIN Mais pour cela il fallait que la Russie püt communi-
ei ____ quer aisement et librement avec l’Occident. Or, on Ya
DE . EZ ; ;
PIERRE vu!, la Suede, maitresse de la Livonie, de l’Esthonie,
de l’Ingrie, de 1a Carelie, de la Finlande, barrait & la
Russie l’acces de la Baltique; la Turguie, maitresse des embou:
chures du Dniepr et au Don, Iui barrait l’acces de la mer Noire:;
la Pologne la separait de l’Europe centrale. A travers la mu.
raille su6doise, polonaise, turque. aui ui fermait la vue de 1’Eu-
rope, il fallait, selon le mot de Pıerre, « percer une fen&tre ».
Il y avait donc une double täche ä& remplır : /ransformer inte
rieurement la Russie; modifier sa sıtuation exterieure. A Vac-
ı. Voir Histoire Moderne, page 694.