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LA FRANCE EN 1789.
lait les revenus de I’Etat, declarait la guerre, faisait la paix,
sontraetait des alliances quand et comme il lui plaisait.
Cette monarchie absolue etait arbitraire. Le roi ‚pretendait
commander jusqu’ä la pensee de ses sujets ; il pouvait ä son gre
disposer de leurs biens et de leur liberte, Nul Jivre, nul journal
ne devait paraitre sans l’autorisation de la censure. Le roi pouvait
s’emparer des biens par 1a confiscalion. Par un ordre appele
Jettre de cachet, Sans qwil y alt eu jugement rendu, Sans autre
motif que « son bon plaisir », il pouvait faire emprisonner dans
un de ses « chäteauX » — A Paris, la Bastille; & Lyon, Pierre-
Ancise ; dans les Alpes, Pignerol — qui bon Iui semblait, aussi
longtemps qu'il le voulait. Louis XIV avait ainsi tenu un de ses
courtisans, le duc de Lauzun, enferme dans une salle basse du
chateau de Pignerol, sans communication aucune avec le dehors,
pendant dix ans. L’on ne vit point sous Louis XVI d’emprison-
nement arbitraire aussi prolonge; mais les lettres de cachet sub-
sistaient, et il n’en fut pas signe moins d’un millier de 1774 ä
1788. )
- Bien que la capitale du royaume füt Paris, le roi
LA COUR vivait au chäteau de Versailles, Il y etait entoure d’une
cour brillante et nombreuse, dix-sept ou dix-huit
mille personnes, dont 16000 environ attachees au service per-
sonnel du roi OU au service de sa famille, et 1000 Ää 2000 COUT-
tisans sans fonctions definies, attendant de la faveur royale
charges ou pensions. .
Le roi avait une Maison militaire et une Maison civile. La Mai-
son militaire, simplifiee par mesure d’&economie au debut du
regne de Louis XWVI, comptait encore pres de 9000 hommes :
une cavalerie : gardes du corps, gendarmes, chevau-legers,
tous nobles; une infanterie : gardes francaises et gardes
suisses.
La Maison civile ne comptait pas moins de 4000 personnes. La
reine, les enfants du roi, ses freres, Ses SCUTS, ses belles-sceurs,
ses tantes, Son cousin, avaient en outre chacun leurs maisons
particulieres, soit encore 3000 personnes environ, dont 500 au
service de la reine, 700 au service du comte d’Artois et de sa
femme. Le service de madame Royale, fille ainee de Louis XVI,
1a future duchesse d’Angouleme, comprenait, Jorsqu'elle avait
deux ans, So personnes, « une maison modeste, disait l’ambassa-
deur d’Autriche, Mercy-Argenteau, 6ü on: a voulu supprimer