LA LUTTE CONTRE L’EUROPE
effet ä la declaration de la Legislative que la France « n’entre-
prenait pas la guerre dans le but de faire des conquetes »; ils
se fiaient plus encore ä un decret rendu par la Convention quel-
ques jours apres Jemappes, le 19 novembre : « La Convention
nationale declare au nom de la Nation francaise, qu’'elle appor-
tera secours et fraternite a tous les peuples qui voudront re-
zouvrer leur liberte. » Les Belges. comptaient donc que les
Francais, fideles a leurs declarations, les laisseraient s’orga-
niser en un Etat independant et se donner telle constitution
qui leur plairait.
Mais les Belges etaient foncierement catholiques, attaches ä
leurs traditions et au maintien des distinctions sociales. Or,
les Montagnards, qui commencaient & dominer la Convention,
entendaient que tous les pays fussent organises sur le modele
de la France : « Si un peuple veut meriter tout a la fois et la
liberte et notre amitie, disait l’un d’eux, Cambon, il faut quiil
fasse ce que nous avons fait, qu'il detruise les privilegies et
qu’il laisse les sans-culottes prendre part au gouvernement ».
Sous l’influence des Montagnards, la Convention decreta donc,
le 13 decembre 1792, que, dans tout pays occupe par les ar
mees francaises, les droits feodaux, Ja noblesse, tous les privi-
leges seraient abolis, et que « les proprietes appartenant au
prince, A ses satellites, aux communautes laiques et religieuses
seraient mises sous la sauvegarde de la Republique Fran-
caise ». Pratiquement cela revenait ä la confiscation au profit de
ia France, et c’etait je commencement de Ia conquete.
LA POLITIQUE
DES
PFRONTIERES
NATURELLES
D’autre part, les Conventionnels 6taient par leur
education des hommes de V’ancien regime. Ils etaient
penetres de cette idee, principe meme de la politique
extericure de la royaute depuis Henri IL, que {a France
diait inachevde et que, selon le mot de Danton, vrai
disciple de Richelieu, les limites ot elle devait atteindre etaient
« margudes par la nature des quatre cötes de l’horizon », ä
Ocean, au Rhin, aux Alpes, aux Pyrenees. La Belgique, les
evöches rhenans, la Savoie, le comte de Nice, tous pays compris
dans les « /imites naturelles », tous fragments de Vancienne
Gaule, devaient, a ce titre, rentrer dans la France,
Ce fut donc ä la fois la volonte de propager les idees revolu-
tionnaires nourelles et la filelite aux vieilles traditions poli-
tiques royales qui, A la fin de 1792, firent oublier aux Conven-