LA REVOLUTION.
aresque absoluc: « L’intendant, a dit-M. Lavisse, 6tait le roi pre-
sent en la province », et c’etait vraiment de l’intendant, selon 1c
mot de Law, que dependait « le malheur ou le bonheur des pro-
vinces »,
Les generalites 6taient subdivisees comme le sont aujour-
I’hut nos departements. . Mais tandis que nos departements
sont d’une maniere uniforme partages en arrondissements, les
subdivisions des generalites variaient de nature et de‘ nom selon
les regions. ENes s’appelaient ici &/ectons, 1a dioceses, ailleurs
bailliages, etc. Chacune comprenait un certain nombre de
paroisses, Vequivalent de nos communes actuelles. Quel que füt
le nom de la division, election ou bailliage, il s’y trouvait un sub-
dele&ue, agent de l’intendant, nomme par Jui, revoque par lui,
Qu’on imagine aujourd’hui les sous-prefets, nomm6es et revoques
par les prefets; ce simple fait suffit pour faire comprendre com-
Dien grande Etait la puissance des intendants.
En maints endroits les limites des subdivisions etaient tracees
de telle sorte qu’un village se trouvait partage entre deux, par-
fois trois elections. Ailleurs, les limites etaient imprecises; on ne
savait exactement ä quelle circonscription appartenait telle partie
du pays,de quelle autorite relevaient les habitants,de queltribunal
ils etaient justiciables, & quel regime d’impöts ils etaient soumis.
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ABSENCE
D’UNITE
La France, en effet, si elle etait une monarchie centra-
lisee, n’etait pas une monarchie unifige. Aujourd’hui
les marchandises circulent librement ä travers toute
la France; les lois qui reglent les rapports entre
particuliers; les impöts, la facon’de les repartir et de les per-
cevoir; les poids, les mesures sont les mömes pour tous les
departements.
[L en etait tout autrement en 1789. Les poids et les mesures
variaient de noms et de valeurs d’une province A l’autre, parfois
d’un canton ä l’autre. Par exemple, la perche 6quivalait & 34 metres
carres dans Paris; ä& 51 metres ailleurs; a 42 metres ailleurs
encore. Le souvenir de ces mesures particulieres, — perche,
journal, heminee, seteree, vergee, acre, arpent, boisseau, minot,
zetier, muid, etc., etc., — subsiste encore chez nos paysans.
Dans les provinces dites Pays d’Elats, qui representaient A
peu pres le quart du royaume, la repartition de l’impöt etait
faite par les deputes de la provınce. Dans les provinces dites
Pays d’election, Vimpöt etait reparti directement par les agente